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24 novembre 2014 1 24 /11 /novembre /2014 15:44

Après "Le sel de la terre" qui a remporté un assentiment massif, le festival QuerCinéma s'est achevé sur une avant-première qui n'a peut-être pas fini de déranger.

Il s'agit de "à la vie" de Jean-Jacques Zilbermann (sortie en salles le 26 novembre, dites-moi ce que vous en pensez), l'histoire de trois femmes juives qui reviennent d'Auschwitz, retrouvent la vie courante et prennent des vacances ensemble, quinze ans après, sur la plage de Berck.

Commençons par ce qui fâche le moins, la reconstitution des vacances au bord de la mer dans les années 50/60. Tous ceux qui ont assez vécu pour les avoir connues dégusteront avec plaisir un retour en enfance, Berck-Plage station où on se refait une santé, les heures interminables sur la plage, le marchand de glaces et le club Mickey avec ses monos.

Pour les gens du Nord, les vacances, c'était ça. Seule une toute petite minorité de familles aisées pouvait envisager d'autres séjours plus lointains et l'habitude est devenue un rite sacré. Encore aujourd'hui, vers la fin de l'été, le PCF et d'autres associations organisent des sorties d'un jour en autocar, une évasion à très bas prix pour offrir un semblant de vacances à ceux qui n'en prennent pas.

Le but du voyage est invariablement la Mer du Nord. Même si le beau temps n'est pas toujours de la partie, on mange des moules, des frites et des glaces. C'est toujours une belle journée.

Jusque-là, pas de problème, passons à plus délicat.

Depuis le monument que fut "Shoah ", dans la foulée de Claude Lanzmann, des "veilleurs" refusent les ouvrages de création et, pire, de fiction sur l'extermination des juifs. En son temps, "La vie est belle", a déclenché un scandale, ce film faisait preuve d'un relativisme de mauvais aloi mais la critique n'a pas épargné "La liste de Schindler" qui ne pouvait être soupçonné de mauvaises intentions. Seule est acceptée la transcription de souvenirs et de témoignages.

Le temps passe, il reste de moins en moins de survivants et de témoins.

Il n'est évidemment pas question de condamner la Shoah à l'oubli, ce serait une victoire inespérée des bourreaux. La littérature et le cinéma rentreront nécessairement dans le jeu.

Reste à fixer une règle pour éviter de sombrer dans le "n'importe quoi".

La bande-annonce d'"A la vie" suscitait la curiosité et même l'intérêt. Le retour des déportés, la manière dont ils se réinséraient dans une société qui ignorait tout de leurs épreuves et, souvent, refusait de les connaître, c'était un grand sujet... et ce film est une gentille petite œuvre.

Il traite avec légèreté des questions qu'un grand professionnel aurait fouillées. Une mère qui a dû sacrifier son enfant pour survivre, un homme qui n'aura jamais de vie de couple à cause des expériences menées par les médecins nazis qui l'ont castré, chacun de ces sujets aurait pu donner un grand film mais ils se confondent dans une espèce de vaudeville.

A la fin, on a envie de tout reprendre pour recommencer autrement.

Il faut dire que cette impression existe depuis le début, quand une survivante d'Auschwitz, six mois après la sortie du camp, exhibe une chevelure jusqu'aux épaules. Julie Depardieu n'avait sans-doute pas envie de sacrifier des cheveux qu'elle a fort beaux...Certes, mais tout cela n'est pas sérieux.

Dommage ...

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commentaires

A
J'apprécie votre blog , je me permet donc de poser un lien vers le mien .. n'hésitez pas à le visiter. <br /> <br /> Cordialement
Répondre
T
Merci.
W
Il est important à travers ces films de témoigner de cette triste époque.
Répondre
T
Des expériences pas si lointaines nous ont montré qu'il ne fallait pas dire n'importe quoi sous prétexte de témoigner. Les maladresses, même involontaires, sont trop facilement utilisées par des personnes malintentionnées. C'est la matière qui fait le fond de commerce des négationnistes.

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