Nous étions enfants.
Notre mère nous administrait consciencieusement des vitamines POUR être en forme, bien grandir, et du sirop CONTRE la toux. Normal, on est POUR le bon et CONTRE le mauvais, cela va de soi. Du moins, je le croyais.
Et le sens des mots a changé sans que nous en soyons prévenus.
Depuis quelques semaines, un laboratoire pharmaceutique nous abreuve régulièrement d'un spot publicitaire pour nous convaincre de l'excellence de ses produits. Ce petit film nous présente une malade, forcément heureuse, soignée POUR le diabète et l'hypertension.
Voilà un POUR de trop, il suffit de soigner le diabète et l'hypertension, on n'en demande pas plus, mais, si le publicitaire tient absolument à placer une préposition dans le discours, un médicament est logiquement prescrit CONTRE une maladie.
Au prix de la minute de publicité télévisée, ces gens-là ont dépensé une somme considérable pour écorcher la langue française.
Combien de téléspectateurs l'ont remarqué ? Hélas, il est à craindre qu'ils soient peu nombreux. Ce serait triste si ce n'était surtout ridicule.
Heureusement, le ridicule ne tue pas et c'est tant mieux, s'agissant du médicament.