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29 janvier 2016 5 29 /01 /janvier /2016 15:31

Christiane Taubira était garde des sceaux. Sans doute fatiguée de n'avoir autour d'elle que des sots, elle a jeté l'éponge.

Peut-être les couleuvres ont-elles fini par lui peser sur l'estomac ? Son départ était attendu depuis longtemps, c'est presque un non-événement.

Le même jour, on voit réapparaître la proscrite la plus honnie de la république, Anastasie !

La censure honteuse et fétide fait son retour.

Devant nos yeux et nos oreilles incrédules, oubliant qu'il s'est dit CHARLIE, le gouvernement interdit un film aux moins de dix-huit ans.

On a envie de ricaner.

Les cinéphiles, depuis longtemps, contournent les interdictions.

Autrefois, il fallait des efforts. Pour mémoire, les frontaliers antimilitaristes se rendaient en expédition dans les cinémas belges pour voir "Les sentiers de la gloire" de Stanley Kubrick, quand il était interdit en France à la demande de l'armée.

Aujourd'hui, il y a Internet, d'un simple clic, on accède à tout.

Il faut être bien naïf pour croire possible d'en bloquer l'accès aux ados.

Une interdiction aux moins de dix-huit ans n'a aucun effet pour décourager les jeunes, elle aurait plutôt tendance à stimuler leur curiosité et leur esprit de contradiction.

Elle va pourtant nuire à la carrière du film. Les distributeurs sont des commerçants, ils ne prendront pas le risque des incidents possibles à l'entrée des cinémas, ils craignent les salles à moitié vides et ne s'infligeront pas la corvée de contrôler l'âge des spectateurs. Interdire un film aux moins de dix-huit ans n'est pas une préoccupation morale mais une volonté de nuire.

L'objet du scandale est un documentaire, "Salafistes" de François Margolin et Lemine Ould M.Salem. Ces derniers ont filmé la vie quotidienne au Sahel sous la coupe des salafistes, la pratique de la charia, les mutilations, les exécutions et la propagande.

Des islamistes fanatiques acceptant d'être filmés...L'expérience est délicate à mener, à moins de les laisser entretenir l'illusion qu'ils vont utiliser les images à leur profit. Il faut maintenir une apparence de neutralité. C'est, au montage, dans l'utilisation des documents filmés que le documentariste pourra exercer son talent et son regard sur la situation.

L'opération est délicate mais loin d'être impossible. Elle a un glorieux précédent : "Shoah".

Claude Lanzmann y donne la parole aux témoins et aux bourreaux, il n'affiche aucun agacement et pourtant... le spectateur horrifié n'éprouve aucune incertitude, il sait où est l'insupportable.

La méthode a paru tellement efficace que, loin d'interdire la projection de Shoah à la jeunesse, on y emmène les scolaires dans une ambiance de respect confinant à la religiosité.

Tentant d'éviter le débat, certains diront : "ça n'a rien à voir"...

Est-ce bien sûr ? Ces salafistes totalitaires et sanguinaires ont une vraie communauté avec les tueurs nazis.

Claude Lanzmann, lui-même, vient d'écrire au journal Le Monde pour s'opposer à la censure d'un film "très intelligent ... et d'une grande beauté".

Merci à ce grand monsieur pour son courage et sa lucidité.

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commentaires

S
Merci à toi pour ce bel article.
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T
Il est de nombreux sujets que je n'ai pas pris le temps de relever mais, là, c'était indispensable.<br /> Merci d'avoir aimé.

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