Le sort des Rohingyas fait scandale. Ils sont pourchassés, discriminés, massacrés.
Leur tort ? Ils sont musulmans en Birmanie.
La Birmanie héberge une foule de groupes ethniques et autant de religions plus ou moins exotiques. Les minorités y sont en principe tolérées... sauf les Rohingyas. La Birmanie est majoritairement bouddhiste. Le bouddhisme est réputé pour son pacifisme et sa tolérance.
Pour contredire cette réputation, un prédicateur, furieusement haineux bien que bouddhiste, excite la foule qui se déchaine, appuyée par l'armée qui n'en demandait pas tant.
La communauté internationale hurle et fait les gros yeux, à l'exception de la Chine. Probable coïncidence, elle ne se conduit pas autrement avec ses Ouïgours, autre minorité musulmane. Les Chinois approuvent les Birmans. Evidemment, Ils oublient de leur expliquer les conséquences prévisibles de leur attitude. A force de discrimination, les Ouïgours se sont radicalisés, les Rohingyas prennent le même chemin.
Au milieu du concert des protestations, une grande voix se tait, celle de Aung San Suu Kyi.
Prix Nobel de la Paix, devenue co-détentrice du pouvoir birman, elle était si respectée qu'on ne l'appelait pas autrement que "La Dame". Pourquoi a-t'elle prix le risque de flétrir à ce point son image?
Elle craindrait que les militaires toujours en place lui retirent sa part de pouvoir. Petit souci de carrière, la préoccupation est bien mesquine en face de l'enjeu humain et d'un prestige sans tache.
Voilà un Prix Nobel de la Paix terni et des jurés honteux. On ne tardera pas à leur reprocher d'avoir préféré Aung San Suu Kyi à d'autres candidats moins compromis. Ils ne pouvaient pas prévoir... certes, elle avait l'air si bien quand elle était dans l'opposition.
Pour l'avenir du prix, il importe de ne pas refaire une telle bévue.
Il y aurait bien une piste à explorer...Qu'ils prennent conseil auprès du pape.
Dans la religion catholique, il existe une récompense prestigieuse et plus durable que le Nobel de la Paix, c'est la canonisation, l'impétrant devient saint.
En la circonstance, une règle s'impose : quel que soit son mérite, un être humain ne peut être canonisé qu'après sa mort. Un mort ne risque pas de changer et commettre crimes ou bêtises, Les papes prennent moins de risques qu'un jury Nobel.
Prudence est mère de longévité.