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29 février 2008 5 29 /02 /février /2008 00:43

Dans un état de droit, qui sanctionne les coupables ?
- "Facile ! dites-vous, c'est la justice." 
Donc la France n'est plus un état de droit. 
C'est la fin du vieux principe : "qui a accompli sa peine a payé sa dette à la société, elle ne lui réclame plus rien". 
Dorénavant, des criminels condamnés par la justice, lorsqu'ils auront terminé leur peine, pourront en subir une autre ... décidée par qui ? Qui devra dire "tel coupable n'est pas assez corrigé, on le garde enfermé" ?
Aucune juridiction n'a été prévue pour s'en charger. C'est bien la première fois qu'une loi prévoit une sanction sans qu'on sache quel tribunal sera chargé de l'appliquer. 
Alors qui?  
                     - Le JAP (Juge d'Application des Peines) ? Ce n'est pas son travail, il n'est pas là pour distribuer des sanctions mais pour veiller à l'application de celles que les tribunaux ont décidées et dont ils lui ont confié le suivi. 
                     - Un tribunal, lequel, de quelle juridiction ? Il faudrait une sorte de  procès de fin de peine. Ce n'est pas clairement prévu 
                    - Le préfet, la police ? On serait en pleine confusion des pouvoirs. Il n'appartient pas à l'administration, au pouvoir exécutif de prendre une décision de justice, comme enfermer des gens, encore seraient-ils les plus grands coupables. On se croirait à Guantanamo que les hommes politiques français aiment pourtant si bien vouer aux gémonies.
Et le Conseil Constitutionnel n'aurait pas vu l'obstacle ? C'est peu vraisemblable.
 Ils ont laissé faire l'impraticable. Peut-être se sont-ils rendu compte que d'ici le commencement d'une tentative d'application, il se passerait bien des événements, bien des gouvernements se succéderaient, auraient le temps d'abroger mille fois ce texte mal ficelé. 
En attendant, ils ont ménagé leur popularité en laissant les loups hurler .
A grand renfort de déclarations, avec l'appui écrasant de la presse et des médias, depuis quelques années, le tueur pédophile est le diable personnifié, bien pratique pour imposer sa figure détestable avant toutes les autres informations. 
S'il n'existait pas, il faudrait l'inventer. Tant pis pour les dégats collatéraux.
Lors du retentissant fiasco judiciaire d'Outreau, l'attention s'est focalisée sur les erreurs de procédure d'un juge. Il ne s'est pas trouvé grand monde pour faire remarquer que l'affaire a été rendue possible par la véritable obsession entretenue autour de la pédophilie. On voit des violeurs et des meurtriers d'enfants partout, au point que des bénévoles qui faisaient du soutien scolaire ou des animations enfantines ont cessé leurs activités, craignant de se trouver pris dans un tel engrenage de dénonciations et d'accusations. 

Le peuple ému par l'atrocité des crimes laisse parler ses sentiments au lieu de réfléchir. 
Il est mûr pour se laisser imposer des mesures liberticides que sa raison normalement repousserait.
Il est à point pour toutes les aventures populistes, la démocratie n'a qu'à bien se tenir.

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