A l'occasion de l'affaire Charlie/Siné, ils se sont réveillés.
Je laisse Nathalie vous dresser le tableau.
A gerber ...
Siné, la boucle est bouclée
par Nathalie Gunther
Je reviens cette semaine sur le licenciement de Siné, dessinateur et caricaturiste, par Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo, pour propos antisémites.
Rappel des faits : dans une chronique publiée début juillet par le célèbre journal satirique, Siné avait écrit à propos de Jean Sarkozy, fils cadet du Président de la République française : " Il
vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée juive, héritière des fondateurs de Darty : il fera du chemin dans la vie".
Refusant de présenter ses excuses pour des propos faisant appel aux ressorts les plus vils d'un veil antisémitisme et de l'équation juifs = argent et réussite sociale, y compris grâce à des
manoeuvres dolosives, la conversion en l'espèce, Siné a été licencié par son employeur. Somme toute, rien que du tristement banal, qui nous pousserait presque à lever les yeux au ciel et soupirer
en signe de dépit fatigué.
Là où l'affaire prend néammoins une tournure surprenante ( à moitié...), c'est lorsque l'on s'interesse à la pétition de soutien au gentil Siné, qualifié affectueusement "d'anar" qui "dénonce
d'un ton fleuri l'opportunisme du fils du Président" et qui regrouperait pas moins de 2000 à 3000 signatures de soutien de dessinateurs comme Geluck ( dont le chat doit miauler très fort ), de
philosophes comme Michel Onfray ou Daniel Bensaid, d'enseignants, de journalistes et autres personnalités de renom qui n'ont aucune difficulté, comme chacun le sait; avec leur judéité, tels Alain
Krivine ou Gisèle Halimi.
Pourtant, c'est sur la chronique de Guy Bedos paru dans le Nouvel Observateur le 16 juillet 2008, qu'on atteint les sommets du pervers : l'humoriste y explique que Philippe Val n'y comprend bien,
puisqu'en Israel même, des auteurs aussi célèbres qu'Amos Oz ou David Grossman critiquent le gouvernement israélien en place.
Quel rapport avec tout ça, me direz-vous ? Eh bien voilà, la boucle est blouclée : Bedos et autres consorts ont amalgamé juifs et Israel et, sur une question d'antisémitisme avéré, se sont crus
autorisés à parler d'Israel et du conflit israélo-palestinien comme une légitime défense, avec une nouvelle équation juifs rusés = israéliens méchants.
L'amalgame va plus loin puisque Plantu représente dans une caricature de l'express du 24 juillet 2008, Philippe Val avec rangers, crâne rasé et brassard rouge, mimant le salut nazi. Quand on sait
que Val croule sous les mails d'insultes et est traité chaque jour "d'ordure sioniste", on se dit que tous ces donneurs de leçons sont bien inquiétants...et que les détracteurs d'israel savent
faire feu de tout bois... Bonne vacances quand même.