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4 septembre 2008 4 04 /09 /septembre /2008 09:28
La mémoire, c'est vivant. Nous gardons le souvenir des faits et des gens ... un certain temps.
Plus un événement ou une personne nous ont marqués, plus longtemps nous en conservons le souvenir.
C'est la mesure de la survie pour les incroyants : la trace des morts demeure dans notre vie, le temps que nous nous les rappelons. Le jour où plus personne ne se souvient, on est bien mort.
Et les événements anciens ? Que deviennent les générations que nous n'avons pas connues, que nous avons oubliées ?
Ils sont l'histoire.

Des faits et des gens viennent à notre mémoire pendant que d'autres en glissent pour devenir histoire.
Parfois, ils s'attardent et ne peuvent nous quitter. C'est qu'il leur reste encore quelques comptes à régler.
Paradoxalement, les négationnistes qui s'acharnent à détruire le souvenir du génocide
entretiendront sa mémoire après la mort du dernier témoin,  en nous interdisant de ranger leurs victimes dans les savoirs historiques.
La mémoire n'est donc pas l'histoire car elle est terriblement affective.
Elle vit en nous le temps que nous nous sentons concernés et que nous sommes capables de nous battre pour elle. L'histoire
est beaucoup plus tranquille, elle est question de savoir, nul ne vous demande de prendre parti.
Prenons un exemple pour illustrer : deux massacres.
La Shoah est toujours dans notre mémoire ; il reste des témoins, des survivants douloureux et, malheureusement, des nostalgiques qui rêvent de "finir le travail".
La Saint Barthélémy fut une abominable tuerie mais je ne connais personne qu'elle obséderait encore aujourd'hui. Il y a des chercheurs, des historiens intéressés mais ils le sont en scientifiques. Si un groupe de protestants en affronte un de catholiques (en Irlande, par exemple) ce n'est pas en mémoire de la St Barthélémy.
Mais il ne faut jamais sous estimer la capacité humaine de nuire .
Il y a toujours des nuisibles prêts à ranimer l'histoire pour la changer en mémoire.
La guerre, pas si ancienne, au Kosovo a été déclenchée par le rabachage de la bataille du Champ des Merles par des nationalistes serbes. Il y a fort à parier que le jeune kosovar moyen se fichait du fameux champ comme d'une guigne jusqu'au jour où les tenants de la Grande Serbie le lui ont rappelé.
Je vois d'ici le parallèle qui va être établi : Jérusalem.
"Lorsque les juifs et les musulmans s'étripent allègrement pour la possession de Jérusalem, c'est une instrumentalisation de l'histoire et on n'est pas près de résoudre la controverse s'il faut remonter jusqu'à Abraham pour retrouver le premier occupant qui ferait valoir ses droits." Dit-on.
Eh bien, non. Jerusalem n'entre pas dans ce processus. Sa mémoire est toujours restée vive.
"L'an prochain à Jérusalem ...", voilà des générations que ces mots rythment l'espoir des juifs dispersés.
Jérusalem est plus que jamais dans la mémoire d'un peuple, donc dans son coeur.
La question n'est pas forcément insoluble mais il faut certainement faire appel à d'autres ressorts que la démonstration historique.
Il faut parler aux coeurs, pas aux ordinateurs.

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