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16 mars 2007 5 16 /03 /mars /2007 11:09

Lucie Aubrac nous a quittés, elle nous manque déjà et nous pensons à Raymond, c'est dur de rester seul après tant d'années ensemble. C'est le lot de ceux qui vivent longtemps mais c'est une des pires épreuves du grand âge. Néanmoins, nous cherchons tous à vivre vieux, nous voudrions reculer la mort le plus posssible. Allez comprendre ...

Ce n'est pas n'importe qui, celle qui vient de partir, et tous les commentateurs y vont de leurs louanges attristées. Malgré le chagrin, on ne peut éviter le sarcasme. Même ceux qui lui balançaient, il y a peu, des tombereaux d'injures, se répandent en dithyrambes. La bienséance obligée leur fait perdre la mémoire et la pudeur. Si, par hasard, il existe une vie après la mort et que tu les entends, Lucie, j'espère au moins que ça te fait bien rigoler, tu n'auras pas tout perdu.

Dans un autre domaine d'activité, la capacité de rancune des historiens semble particulièrement solide. Depuis quelque temps, sur les ondes de FranceCulture, nous avons pu entendre plusieurs émissions traitant du moyen-âge, des barbares, de l'histoire des femmes, en particulier de Christine de Pisan ou d'Héloïse. Pas une seule fois nous n'avons entendu prononcer le nom de Régine Pernoud qui fut l'auteur de nombreux travaux sur ces différents sujets. Même Jacques Le Goff, co-auteur avec R. Pernoud d'au moins un ouvrage, ne l'a jamais citée. Il est vrai qu'elle accordait beaucoup d'importance aux individualités et que cette manière d'aborder l'histoire n'est plus à la mode. A la fin de sa vie, son attachement à la religion chrétienne l'avait amenée à écrire la vie de plusieurs saintes et, horreur (!), elle avait prêté son nom à des textes de promotion pour la commémoration du baptème de Clovis, ce qui l'a rangée, un peu vite, parmi les auteurs cléricaux et réactionnaires. Le reproche était-il justifié ? Je ne le crois pas, mais le problème  n'est même pas là. Oublier ses travaux jusqu'à faire comme si elle n'avait jamais rien écrit, c'est ignorer les vocations d'historiens qu'elle a suscitées. Les séismes éditoriaux que furent "Pour en finir avec le Moyen-Age" et "La femme au temps des cathédrales" ont modifié profondément le regard  porté sur l'époque féodale et démarré une vaste entreprise de nettoyage des idées reçues.  C'est à elle que je dois un goût toujours vivant pour l'histoire et je regrette l'injustice qui l'accable parmi ses pairs .  

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commentaires

L
Bonjour , merci de ton inscription a la communauté des pt et gros chats... Neanmoins peux-tu m'indiquer quel article tu veus mettre dans cette catégorie?A bientot et bonne nouvelle année qui se profile
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J
En effet, le nom m\\\'était inconnu. J\\\'aurai au moins appris quelque-chose aujourd\\\'hui.( Tout le monde n\\\'a pas la chance d\\\'avoir des voisins connus!) Ce qui me trouble , c\\\'est la référence aux petits gris. Ils font partie du versant inquiétant de l\\\'église catholique et, contrairement à Clovis, ils sévissent encore. Il me souvient d\\\'avoir lu des articles là-dessus dans la revue Golias, il y a déjà un certain temps, il faudrait que je fasse des recherches pour les retrouver.
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P
Parmi les grands absents et déjà oubliés, heureusement le dernier n° du "monde des réligions" rend hommage au père Marie-Dominique Philippe, dominicain décédé en août 2006 à 94 ans. Peu en ont parlé. C'était un théologien et philosophe, proche de Jean-Paul II, qui a crée une communauté de Saint-Jean (il était le père de ceux qui otn été appelé les "petits gris". je le cite car outre ces grandes qualités humaines, il était natif de Cysoing et il n'avait jamais oublié sa région. l'essentil de sa pensée se retrouve dans un livre d'entretiens avec Frédéric Lenoir, publié chez Fayard en 1994.<br /> De très nombreux habitants de Cysoing ignoraient son existence...Il a été en autre un résistant de la première heure...<br /> Patrick Vermersch
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