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29 mars 2007 4 29 /03 /mars /2007 19:45

Comme la chute des feuilles ou la levée des champignons, il y a des sujets qui reviennent avec la saison des élections. Les candidats de droite et de gauche sont aujourd'hui obsédés par la nation, plus précisément sous la forme "identité nationale". Cette pauvre identité serait en danger, menacée par les attaques des hordes barbares et la négligence des nationaux. 

Bien des dangers nous menacent, du réchauffement climatique aux épidémies, des fous de Dieu  aux attentats- suicides de tous les terroristes de la terre, mais pour les hommes et femmes politiques, la nation passe avant tout. Ils y tiennent, à leur jouet. Ils croient fermement que la majorité de leurs concitoyens partagent leur attachement ; aucun n'oserait avancer que l'Europe compte plus que la France, persuadé de perdre la compétition électorale. Que l'intérêt général déborde le cadre des frontières ne les effleure même pas.

A quoi ont-ils passés leurs cours d'histoire ? Ils n'ont retenu que ce qui confirme leur vision ( ou leur mirage ). Leur nation "éternelle" remonte à trois siècles, si on prend la Révolution Française comme repère, six en remontant jusqu'à Jeanne d'Arc. Autant dire "rien" dans l'histoire d'une civilisation.

 L'Europe existait bien avant. Dans un Moyen Age qu'on imagine trop facilement comme un monde immobile, les relations et la politique ne connaissaient pas de frontières étriquées. Charlemagne gouvernait l'Ile de France depuis Aix la Chapelle, secondé par un ministre venu d'Angleterre. Un certain Casimir était à l'abbaye de Cluny, théologien brillant destiné à finir Abbé du plus grand monastère d'Europe ; choisi par les Grands de Pologne, il est devenu roi, sur ordre de l'abbé de Cluny, fondant à partir de son abbaye bourguignonne la très catholique monarchie polonaise. On pourrait revenir sur l'usage généralisé dans la chevalerie d'envoyer ses fils se faire éduquer par d'autres chefs de lignées, souvent très loin. Et ce fils du roi Robert (dit "Le Pieux") prenant pour épouse Anne de Kiev ; peu de Français se sont jamais demandé pourquoi la bible de Reims sur laquelle les rois de France prêtaient serment, était écrite en caractères cyrilliques ; c'était la bible d'Anne, la princesse ukrainienne.  Henri 1er avait décidé d'épouser une princesse lointaine pour éviter de revivre les tribulations que son père avait connues. A cette époque, l'Eglise avait trouvé un excellent système pour tenir les familles régnantes : des règles canoniques pointilleuses autour des mariages, créant des cas d'inceste jusqu'au septième degré, y compris dans les parentés spirituelles ( parrains et marraines). Dans la  noblesse, l'endogamie importante faisait que tout le monde était plus ou moins parent. Il fallait bien que des mariages aient lieu, donc l'église accordait ( ou non ) des dispenses en fonction de la docilité du demandeur. En prenant une épouse éloignée qui ne risquait d'avoir aucune parenté avec lui, Henri échappait au contrôle clérical. Nous voilà bien loin de notre sujet mais l'Histoire pr^te parfois à sourire.

Certes, les exemples précités concernent la noblesse, mais leur existence de seigneurs d'autrefois était bien plus difficile que celle des simples citoyens d'aujourd'hui. A l'époque des avions et d'internet, nous serions moins capables que nos ancètres ? On finira par croire que la vie doit rester étriquée. Un peu d'audace et de l'ampleur de vue de la part de ceux qui prétendent nous représenter, ça nous fera un changement salutaire.

  

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