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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 23:00

     Tous les artistes recherchent la célébrité. A chacun sa méthode pour faire sonner les trompettes de la renommée. Les besogneux sans imagination cultivent l'art de bien faire et ne gagnent ni richesse ni succès car la vertu est ennuyeuse.

         Le scandale ayant beaucoup plus de chances d'exciter les langues, des petits génies de la provocation montent des coups qui les feront entrer dans l'histoire. Le record du genre est détenu depuis 356 avant JC par Erostrate, un quidam grec, il incendia le temple d'Ephèse uniquement pour faire parler de lui.

         Néron comptait bien lui chiper le titre mais il fut disqualifié : l'incendie de Rome faisant partie de son plan pour éliminer les chrétiens, difficile d'y voir uniquement un coup d'éclat. Même remarque pour l'incendie du Reichstag, ses auteurs étaient mus par la haine avant le désir de publicité.

          Est-ce aujourd'hui que le record va tomber au profit d'Ansar Eddine  ?

Ces adeptes du djihad version touareg détruisent Tombouctou, ville sainte de l'islam inscrite à l'inventaire de l'UNESCO.

D'habitude, les destructions surviennent quand une armée veut s'emparer d'un territoire. Tombouctou se trouvant déjà entre leurs mains, ils n'ont vraiment aucune raison de s'en prendre à une ville dont ils sont les maîtres. C'est aussi insensé que le geste d'Erostrate.

Ansar Eddine revendique sa proximité avec Al Qaëda.

         Mais c'est bien sûr ! Al Qaëda et ses talibans afghans, les dynamiteurs de bouddhas ...

        En dignes prosélytes, les casseurs de Tombouctou ne font que recopier les oeuvres de leurs maîtres. Comme eux, ils justifient leur vandalisme par une interprétation iconoclaste de l'islam ; de la non-représentation de Dieu, ils glissent allègrement vers le refus de l'image humaine, la haine des arts et de la culture, la charia vécue en terreur. Plus grand-chose à voir avec la folie narcissique d'Erostrate.        

      Les témoignages anciens de Tombouctou, ville sainte de l'Islam, sont le seul argument qui  attire les voyageurs en ce lieu désertique. C'est toute la ville qui mourra avec sa mémoire.

       C'est à propos de l'Afrique qu'était née l'expression : "Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle".Si les fous de l'ignorance continuent leurs dégâts, les deux catastrophes vont se réaliser simultanément : la fin des livres à Tombouctou signera la mort des habitants.

      La crise économique dont on nous rebat les oreilles ne peut servir de prétexte à l'abandon d'une mémoire qui manquera à toute l'humanité.

 

 

 

    Autre lieu emblématique de la joie de vivre : la Syrie. Là aussi, des musulmans s'entretuent.

Comme tout le proche Orient, le pays est riche en antiquités de toutes sortes. Non loin de Homs, de sinistre réputation, s'élève le Krak des chevaliers, haut lieu des croisades.

D'après les experts consultés, le Krak ne risque rien.

La guerre oppose des musulmans, des gens qui croient au même dieu avec quelques variantes mais la mémoire des infidèles ne leur fait ni chaud ni froid.

   La paix des religions ressemble à celle des nations. Elle se complait dans la terreur et les destructions domestiques, les ennemis les plus irréconciliables sont toujours les plus proches. Nous avons connu les guerres de religion entre catholiques et protestants, elles mirent à feu et à sang l'Europe de la Renaissance et plus près de nous, l'Irlande du Nord, tous chrétiens dans la détestation d'autres chrétiens.

    Suivant les temps et les lieux, les manières en usages sont différentes ? C'est peut-être l'occasion de revenir à la théorie des climats de ce vieux temporisateur de Montesquieu. Les bons textes ne sont jamais périmés.

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commentaires

M
<br /> Merci pour cet article où tu rappelles l'importance des vraies valeurs humaines et artistiques bafouées ici à travers ces actes doublement destructeurs comme tu le dis bien.<br />
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T
<br /> <br /> Merci pour ton soutien. Le pire est probablement l'indifférence qui entoure cette tragédie.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Bonjour Jacqueline ! Me voici enfin un peu ce matin. Ravie de te lire. Toujours aussi pertinente et intéressante. Ma santé s'améliore doiucement, le moral<br /> suit un peu, et je reviens petit à petit sur les blogs amis. Douce journée à toi et grosses bises. Caresses à ton chat. A très bientôt.<br />
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T
<br /> <br /> Bonjour Cacao !<br /> <br /> <br /> Heureuse de ton retour et surtout de tes bonnes nouvelles. Nous avons eu au moins un point commun :le déménagement. Les gens en bonne santé ne peuvent pas se rendre compte de l'énorme fattigue<br /> que ce changement représente. Enfin, nous sommes installées (ouf !), nous allons pouvoir nous occuper de notre santé et du confort des deux et quatre pattes. Mille bises à tout le monde, surtout<br /> à Maurice ; nous apprécions l'étendue des difficultés représentées par un déménagement pour un chat plus très jeune.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> bravo pour ton article, je n'ai rien à dire de plus, tu as parfaitement raison de t'exprimer ainsi, c'est pas moi qui dira le contraire...passe un bon weekend et à bientôt dans nos<br /> lectures...gros bisous à toi et aux  p'tites bêtes..Mamoune<br />
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T
<br /> <br /> Oui, toutes les destructions sont détestables mais, heureusement, il est possible d'en réparer beaucoup. Dans le cas de Tombouctou, ce ne sont pas de simples maisons qu'on pourrait reconstruire,<br /> plus modernes et plus confortables, c'est la mémoire et l'héritage culturel d'un peuple qui tombe en gravats sans espoir de réparation.<br /> <br /> <br /> Le pire, c'est qu'il n'y a pas foule pour s'en scandaliser. Merci de t'en préoccuper malgré tes soucis personnels.<br /> <br /> <br /> Tendresse et amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />

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