Courage ou masochisme, il semble que notre ministre de l'Education Nationale cherche vraiment des armes pour se faire battre. Après avoir imposé aux
instituteurs (pardon "professeurs des écoles") de travailler le mercredi matin, il en repasse une couche en proposant de raccourcir les sacro-saintes grandes vacances. Elles se
limiteraient à six semaines, comme chez nos voisins. Vociférations et hurlements en vue
Les enseignants, les parents, les professionnels du tourisme, auront tous une bonne raison d'être mécontents. Quelques uns se poseront clairement en victimes mais une majorité d'hypocrites s'abriteront derrière l'intérêt des élèves, intérêt dont ils se moquent éperdument... comme d'habitude.
Depuis que l'école républicaine existe, les dates des vacances scolaires ont toujours été fixées par des adultes dans l'intérêt des adultes.
En bon politique, Jules Ferry avait compris qu'il aurait du mal à rendre obligatoire l'école publique s'il ne faisait pas quelques concessions aux familles. A la fin du XIXème siècle, les agriculteurs étaient encore la majorité de la population, la mécanisation n'était qu'à ses débuts, la terre demandait beaucoup de bras, surtout pour les gros travaux. De la fin juin, période des foins, à la fin septembre, saison des vendanges, en passant par la moisson et autres récoltes d'été, tout le monde était mobilisé. Il était hors de question que les enfants traînassent à l'école alors que leurs parents avaient un besoin crucial de leur aide. Depuis lors, les petits Français bénéficient encore de deux mois de vacances d'été ; c'est plus long que chez nos voisins. Il est extrêmement difficile de revenir sur un avantage acquis donc il perdure, alors que la population agricole est aujourd'hui minoritaire, que les récoltes sont mécanisées et qu'on n'ose plus faire travailler les enfants.
Les médias, affectés de sondagite aigüe, interrogent régulièrement les uns et les autres : "Que pensez-vous de la durée des vacances d'été ?" La question est posée aux enseignants, aux parents, aux élus locaux, aux professionnels du tourisme, à tout le monde sauf ...aux principaux intéressés : les élèves. Faute d'enquête fiable, nous pouvons extrapoler à partir des réactions de notre entourage.
Sans surprise, le tableau est varié.
Etudiants et lycéens veulent des vacances assez longues pour y caser des "jobs d'été", préoccupation étrangère aux élèves des petites classes primaires. Pour eux, deux mois sont une éternité ; ils oublient quelques acquis (qui reviendront) mais, plus gênant, ils perdent leur rythme. Chaque rentrée est comme une première rentrée, avec ou sans cahiers de vacances qui ne sont une affaire que pour leurs éditeurs.
Il ne serait donc pas ridicule d'envisager des vacances scolaires différentes suivant l'âge des élèves et le type de formation.
Les réformes de l'éducation peuvent continuer à se succéder au rythme des changements de ministre, elles seront sans effet tant que priorité ne sera pas donnée à l'intérêt de l'enfant. Tout le monde en affirme la nécessité mais tout prouve que c'est un vœux pieux sans le début d'un commencement de mise en pratique.