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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 09:10

      Le vendredi Saint, pour les chrétiens, c'est l'anniversaire du supplice de Jésus.

En mémoire du sacrifice fondateur, les catholiques célèbrent l'Office des Ténèbres, un rituel empreint de deuil et d'émotion (heureusement ennobli par de merveilleux airs baroques comme "Les leçons de ténèbres" de M.A. Charpentier, hélas fort oubliés.)

       C'est un temps fort de l'année liturgique. A Rome, l'homélie du Vendredi Saint n'est pas dite par n'importe-qui, on ménage les forces du vieux pape pour qui ce n'est que le début du marathon pascal, mais c'est un prélat important qui se charge de porter la parole au nom de la Curie Romaine. Ce vendredi saint 2010, le travail est revenu au cardinal P. Raniero Cantalamessa, digne représentant de la pensée pontificale et ... pontifiante.

      Dans le contexte actuel, fait de honte et de repentance,  on surveillait la parole de l'autorité centrale. On ne s'attendait pas à ce que le monsignore se couvrît la tête de cendres en s'abîmant dans l'affliction. Quand on parle au nom d'une Eglise Sainte, Apostolique et Romaine, on ne se départit jamais de la dignité due à son rang, mais on s'attendait à une parole chargée de sens. On voulait entendre ce que le sommet de la hiérarchie catholique avait à dire des turbulences liées aux scandales qui la poursuivaient.

Et il fut dit.

Le cardinal évoqua une lettre d'un ami juif.

Vous l'aurez certainement remarqué, la providence permet à tout raciste de faire état d'un ami appartenant à la race honnie ; il semble qu'encore une fois elle ait bien fait les choses.

Le supposé ami opérerait un parallèle entre  les accusations qui s'accumulent contre les prêtres pédophiles et l'antisémitisme.

    Comparaison hautement improbable, on n'imagine pas qu'un juif, même animé de la haine des siens, puisse faire le moindre rapprochement entre la persécution millénaire d'un peuple et les misérables ennuis d'un clergé qui ne risque pas grand-chose hormis sa réputation.

Il y aurait à peine de quoi hausser les épaules ... mais le peuple juif est le peuple de la mémoire. Il n'a pas oublié la persécution toujours active même si elle est plus feutrée pour cause de politiquement correct.

     On ne soupçonnait pas les juifs de jouer à touche-pipi avec les gamins, on les accusait de pratiquer des crimes rituels, de sacrifier des enfants chrétiens (dans une religion sans sacrifices !) pour utiliser leur sang dans la préparation du pain azyme. Il faut être d'une crasse ignorance pour imaginer qu'on puisse incorporer du sang dans le pain, azyme ou non. Au passage, les chrétiens ne sont pas les mieux placés avec leur transsubstantiation. Peu importe, qui veut tuer son chien l'accuse d'être enragé, on n'hésite pas devant les pires invraisemblances quand on a seulement besoin d'un prétexte pour justifier l'injustifiable.

     Quand ces temps barbares eurent laissé place aux lumières, il fallut trouver des tracasseries plus présentables. Le clergé se contenta de procéder à des baptêmes clandestins et des conversions forcées d'enfants juifs, ce qui lui donnait un prétexte pour les enlever à leur famille ... pour la plus grande gloire du Seigneur.

      Certes, il ne faut pas oublier la Shoah qui vit des ecclésiastiques se muer en Justes. Il faut se rappeler que certains ont même veillé à ne pas éloigner leurs protégés du judaïsme. Que justice leur soit à jamais rendue, mais l'héroïsme de quelques uns ne rachète pas l'antisémitisme des autres.

Ce cardinal romain nous prend tous pour des amnésiques et des malhonnêtes.

Les catholiques, en l'écoutant, doivent se dire qu'avec des amis pareils on n'a vraiment pas besoin d'ennemis.

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commentaires

M
<br /> <br /> décidément, 2010 n'est pas un bon cru pour la "Sainte Eglise" lol<br /> <br /> <br /> et dire qu'il faille passer par ce genre de bougre pour s'absoudre de ses péchers ! je comprends ce proverbe qui dit "mieux vaut s'adresser à dieu qu'à ses confesseurs" lol<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Ah mais c'est très vrai, bien sûr : littérature, peinture, scupture, tous arts imprégnés de catholicisme jusqu'à il y a peu. Je suis bien au point sur le sujet car j'ai passé beaucoup<br /> de temps à lire la Bible, entre autres, pour démêler le vrai du faux, 1ère en instruction religieuse chez les bonnes soeurs mais ... athée depuis l'âge de cinq/six ans ! Les prêches des<br /> curetons, bas mais surtout haut dans la hiérarchie, me font vomir...<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Sans blague...Le "monsignore" s'appelle vraiment "Cantalamessa" ? Trop, c'est trop...on en meurt de rire ; ça évite de pleurer.<br /> Merci Tipanda, entièrement d'accord, même si je regarde tout ça de loin car, très tôt trempée dans les bénitiers, j'en ai vite attrappé unedéfinitive allergie à toutes les<br /> patenôtres !<br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Le cardinal fait donc partie des handicapés patronymiques.<br /> <br /> <br /> Difficile d'ignorer le catholicisme, même si on n'en fait pas, ou plus, partie. C'est le socle culturel qui nous a formés ; si nous voulions tirer un trait sur toute la littérature et les oeuvres<br /> d'art qu'il a plus ou moins inspirées, de la geste d'Arthur aux tragédies de Racine et même au Père Hugo, il ne resterait pas grand-chose.<br /> <br /> <br /> Bon dimanche, Francesca.<br /> <br /> <br /> <br />

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