Une histoire racontée par Maryline Baumard dans Le Monde.
Nogent-sur-Marne est le patelin natal de François Cavanna, père-fondateur de Charlie Hebdo et - surtout - auteur inoubliable des Ritals.
La langue de Cavanna est un véritable hommage à l'école républicaine capable de changer un enfant d'ouvrier immigré en homme de lettres. Pour honorer l'écrivain en oubliant le côté sulfureux de l'homme de presse, la région donna son nom à un collège spécialement dédié aux élèves en difficulté.
Hélas, de coupes budgétaires dans le fonctionnement aux suppressions de postes, l'établissement perd chaque jour les moyens qui lui ont permis d'obtenir le mieux d'enfants venus du pire. Il devient un collège comme les autres, quelconque.
Résultat : Cavanna n'est pas enchanté de voir son nom associé à un désastre. Selon ses propres termes, "il y a tromperie sur la marchandise". Armé de sa plus belle plume, il fait connaître sa désapprobation au recteur de l'académie de Créteil et demande que le collège soit débaptisé.
Coup de pied de l'âne, soucieux de ne pas laisser le recteur dans l'embarras, il lui suggère un remplaçant : Nicolas Sarkosy, emblème parfait d'un collège qui survivra avec moins de profs et moins d'élèves.
Le rôle devrait lui convenir, n'est-il pas le "Petit Nicolas" ?
Il aurait sa plaque. Ce serait son panthéon, en plus réaliste.
Il n'aurait pas un fronton de temple "Au grands hommes la patrie reconnaissante", mais une plaque à sa taille.
Les enfants auraient peut-être encore la chance de posséder un ballon. Pour s'entrainer à marquer, ils viseraient sa plaque et le bon peuple en serait attendri.
Il reste à trouver une autre école qui soit capable de porter dignement le nom de Cavanna.