Comme prévu, au débat imposé par l'Union pour une Minorité de Privilégiés, officiellement ,on se penchait sur la laïcité. Les célébrités qui n'ont pas décliné l'invitation n'ont parlé que de l'islam, ou presque. Comme d'habitude, ils ont rabaché la liste des nuisances qu'il provoquerait dans un pays où il est encore largement exotique.
Ce genre de réunion n'a qu'un but : faire parler. Il faut intéresser le télespectateur qui aime les idées simples ; pas question d'aborder plusieurs sujets. Peu importe si la
simplification confine à la caricature.
Résumons nous, l'urgence et le scandale résident dans l'islam ; on évite soigneusement les autres religions. Dans le coup et par contraste, on les fait passer pour des cénacles de saints et
d'anges ; ils ont autant de qualités que les musulmans ont de défauts.
Gardons assez d'esprit critique pour échapper au piège si grossièrement tendu.
Certes l'islam regorge d'"allumés graves" ; de l'abattage rituel aux crimes d'honneur en passant par le voile et la polygamie, il y a largement de quoi les "rhabiller pour l'hiver", mais les croyants "bien de chez nous" ont leur capacité de nuisance. Entre burqas et minarets, nous avions tendance à les oublier.
Justement, ce mercredi 6 avril, Marc Peschanski et Cécile Martinat, éminents chercheurs que, selon la formule consacrée, le monde entier nous envie, cosignaient dans Le
Monde une lettre appelant à ne pas interdire les expériences sur les cellules souches embryonnaires. Ils font l'inventaire des contre-vérités répandues pour discréditer ces travaux et pointent
les responsables de ces mensonges avérés : les lobbies conservateurs de l'Eglise catholique.
Rappel succint du problème : les embryons, au tout début de leur division cellulaire, sont formés de cellules souches qui ont une aptitude remarquable à former toutes sortes de
tissus. Cette particularité, on l'imagine sans peine, ouvre une foule de pistes à la recherche médicale qui est obligée de piétiner.
Pourquoi ?
Parce que les catholiques conservateurs sont des adorateurs de l'embryon sacré.
Dans leur (saint) esprit, l'être humain existe depuis la rencontre des gamètes donc on ne doit pas bricoler sur les embryons. C'est un point de vue qui se défend, peut-on dire avant
d'avoir réfléchi. Ils oublient seulement de préciser quelques détails :
- Pour le respect d'un embryon sans projet de vie, on néglige des travaux orientés vers la survie et la guérison d'êtres humains bien vivants. Venant de passionnés du respect de la vie,
l'attitude est troublante.
- Il n'a jamais été question de fabriquer des embryons pour la recherche ; on utiliserait dans ce cadre les embryons surnuméraires formés dans le cadre de l'Aide Médicale à la Procréation. Quand
le couple à l'origine de la fécondation n'a plus de projet parental (il a eu l'enfant qu'il voulait et n'en désire pas d'autres), les embryons non transplantés seront détruits.
"La poubelle plutôt que la recherche" : voilà une attitude fort peu altruiste, donc anti-chrétienne.
Allons, messieurs les conservateurs, entre deux niqabs à pourfendre, si vous trouvez une minute à consacrer à la révision des lois de bioéthique, peut-être serez-vous encore tout imprègnés
d'esprit laïc. C'est le meilleur qu'on puisse NOUS souhaiter à tous.