29 novembre 2009
7
29
/11
/novembre
/2009
10:15
Les Européens sont à présent équipés d'un président bien gentil mais incolore ... C'est mal parti pour un grand dessein fédéraliste.
Pour se consoler ( est-ce bien une consolation ?) d'autres présidences restent à pourvoir, particulièrement celle de l'Autorité Palestinienne puisque Mahmoud Abbas
a opportunément décidé de jeter l'éponge.Beaucoup ont imaginé que, pour établir la paix entre Israéliens et Palestiniens, il fallait se parler et qu'on parlerait plus facilement avec un "modéré" qu'avec un dur. Grave erreur, l'histoire de tous les pays démontre, s'il en était besoin, que les plus grandes avancées ont été le fait des coriaces ; les chefs de guerre connaissent le prix de la paix.
Israël a besoin de sécurité. Après plus d'un demi-siècle, son existence est toujours contestée par les antisémites du monde entier, ravis de souffler sur les braises de l'incendie palestinien.
Dans un état démocratique comme Israël, l'électeur n'est pas à l'abri de la peur, il accorde sa confiance aux chefs qui semblent capables de décider plutôt que subir. C'était la force de Sharon ; il a obtenu l'évacuation du Goush Katif parce qu'on le croyait capable de protéger les citoyens en cas d'agression. "Nul ne peut tirer gloire de sa bonté s'il n'a pas la force d'être méchant" dit un vieil adage. La disparition de Sharon a mis à la tête du pays des faux durs ; plus leur discours est intransigeant et moins ils trouvent de solutions. S'il existe une vie après la mort, les héros du sionisme triomphant, de Ben Gourion à Golda Meir, doivent se retourner dans leur tombe à voir l'incurie de leurs successeurs ...
En face, la situation est encore moins réjouissante.
Que peuvent-ils attendre du Hamas ?
Pas grand-chose de bon et surtout pas la paix.
Hors de l'aventure islamo-fasciste, il reste les héritiers d'Arafat, spécialistes en corruption, confondant diplomatie et petits arrangements. Ils ne sont pris au sérieux ni chez eux, ni à l'étranger, alors que leur subsistance dépend totalement des donateurs internationaux.
Alors, quel avenir ?
Les arabes de Palestine ont besoin de vivre en paix chez eux. Depuis un demi-siècle, on se dit que les problèmes se résoudront avec la création d'un état palestinien (quel que soit le nom qu'on lui donne. La sémantique n'est pas une priorité). La confiance en une direction fiable, solide, pour le lancement d'un véritable état, c'est précisément ce qu'il leur manque.
Dans l'ambiance actuelle de profond découragement, une hypothèse trouve de plus en plus de crédibilité : élargir Marwan Barghouti !
Oui, c'est moi, l'inconditionnelle d'Israël, qui envisage froidement de confier le destin d'un jeune état à un terroriste.
Barghouti purge en ce moment une collection de peines de prison à perpétuité pour des attentats. Ce n'est pas du sang qu'il a sur les mains, c'est carrément une chaîne de boucheries.
Bon, les hurlements sont terminés ?... Reprenons.
Amos Oz a trouvé, un jour, l'expression qui convient aux relations israélo-palestiniennes : "Aidez-nous à divorcer".
Il arrive que d'anciens adversaires décident de reprendre la vie commune, ce fut le cas de l'Afrique du Sud après l'apartheid, mais, s'ils ne peuvent envisager l'avenir que dans la séparation, les obliger à vivre ensemble ne ferait que créer des souffrances inutiles, obliger les enfants à recevoir la vaisselle cassée dans les bagarres des adultes.
Un divorce, ce n'est jamais une partie de plaisir mais il se passe plutôt moins mal entre partenaires qui savent ce qu'ils veulent et sont décidés à conclure. Pour bien divorcer, se recréer de chaque côté un foyer supportable, il faut tirer un trait sur les vieilles haines recuites (ce qui ne veut pas dire oublier), aller de l'avant, faire du neuf, comme au temps de la création d'Israël, les pères fondateurs qui sont d'abord passés par la case-terrorisme.
Se parler entre états, c'est une vieille méthode qui s'appelle "diplomatie". Toutes les relations internationales sont fondées sur elle. Ce n'est pas un long fleuve tranquille mais, les relations économiques aidant, des ennemis d'hier peuvent devenir partenaires ; l'Europe d'aujourd'hui en est l'exemple flagrant.
Il faut traiter avec un état, un gouvernement, sur des questions clairement posées.
Même s'ils n'en parlent que difficilement (la crainte des réactions de leur opinion ?), les responsables politiques israéliens y pensent : le seul chef palestininien qui aurait l'étoffe et la crédibilité nécessaire est Marwan Barghouti.
La preuve ? Le véritable statut VIP dont il bénéficie dans sa prison.
Un détenu qui possède et utilise un téléphone portable et va jusqu'à donner de vraies conférences, c'est presque un cabinet fantôme ; tout ce qu'il reste de la prison, c'est qu'il ne peut pas sortir.
Alors, on attend le moment où tout ce beau monde jouera cartes sur table. Nous cesserons enfin de nous croire obligés de nous étriper au nom de causes qui seront réglées sans nous en réservant des surprises.