Après avoir fouillé des milliers de boîtes, ouvert autant de blisters, il a fallu se rendre à l'évidence : pas plus de somnifères dans les diurétiques TEVA que de cheveux sur un crane chauve. Par acquis de conscience, des prélèvements ont été effectués sur les morts dont le décès aurait pu sembler suspect. Ces investigations n'ont révélé aucune trace de somnifère.
Au bout de l'enquête, après un remue-ménage dont il faudra bien chiffrer le coût, rien, nothing, nichevo... ne reste que l'alerte déclenchée par un pharmacien dont une préparatrice avait cru remarquer quelque-chose.
Les autorités de santé précisent qu'il ne faut pas s'en prendre à ce lanceur d'alerte. Dans le cas d'une tromperie réelle, la gaffe serait devenue précaution salutaire. Soit ...
C'est l'occasion de rappeler l'histoire du jeune Guillou. Dès qu'il entendait une branche craquer, il criait "Au loup !" et tous les villageois armés de piques et de fourches venaient à son secours, jusqu'au jour où, lassés de se déranger pour rien, ils n'ont plus répondu à l'appel. Ce jour-là, pour une fois, le loup attaquait vraiment et Guillou fut dévoré.
Voilà ce qu'il risque d'arriver à force d'alertes sans fondement.
Et si le signalement avait été justifié ?
Certes, il n'est pas concevable de risquer la vie des gens mais la réaction pouvait être prudente et mesurée, essayer le seau d'eau avant d'appeler les pompiers. L'examen immédiat des boîtes suspectées par le pharmacien aurait sans doute permis de faire un sort aux émois de sa préparatrice et le psychodrame aurait été évité.
Le gâchis risque de laisser des traces, celles que chantait Figaro dans le grand air de la calomnie " Calomniez, calomniez toujours, il en restera quelque-chose ..." Avant de se moquer de prétendus paranoïaques, il faut mesurer le prix d'une réputation perdue.