Bientôt, nous allons habiter un monument historique.
Inutile de fantasmer, nous n'avons pas acquis un manoir ni une abbaye en ruine, juste une maison toute simple et pas plus ancienne que moi. C'est la ville entière qui est monument historique.
Le Quesnoy est une ville close,
Ce n'est pas Concarneau, il n'y a pas la mer,
Ce n'est pas non plus La Couvertoirade, on n'y domine pas le causse du Larzac.
Au milieu des vaches et des pommiers, c'est un chef lieu de canton rural : 5000 habitants aux confins de l'Avesnois et du Valenciennois. Depuis qu'il existe, il est habillé de remparts.
Ses premières fortifications remontent au XIIème siècle et au bien nommé Bauduin l'Edifieur. Ensuite, les comtes de Flandre et de Hainaut, ont eu à coeur d'entretenir et améliorer ses défenses, même le célèbre empereur Charles Quint. En effet, Le Quesnoy n'est une ville française que depuis le traité des Pyrénées, sous le règne de Louis XIV.
L'événement fut considérable pour la ville dont le roi confia à Vauban la charge de restaurer et compléter le réseau des remparts.
Le Quesnoy était l'une des nombreuses places fortes qui matérialisaient la frontière au Nord et à l'Est mais toutes les autres ont vu disparaître leurs murailles quand les siennes sont restées debout.
A quel hasard bienheureux devons-nous cette chance ?
- A la révolution industrielle qui oublia d'atteindre Le Quesnoy.
La mine et les usines, au dix-neuvième siècle, enrichirent les villes qui se mirent à grossir. Elles se sentirent à l'étroit dans leur murailles comme une grosse dame dans une ceinture trop étroite. Les changements survenus dans les arts militaires leur donnèrent un bon prétexte pour araser les murs et combler les fossés. A leur place, les édiles tracèrent des boulevards et les quartiers d'habitation s'étalèrent. La distinction entre intra et extra-muros avait vécu.
Le grand chambardement laissa Le Quesnoy de côté. Faute de moyens pour les détruire, la ville conserva ses fortifications et resta une ville close, un monument historique...où je vais avoir la chance d'habiter une petite maison blottie au pied du rempart.
L'avenir réserve d'autres plaisirs tels que la présence d'un théâtre et d'une médiathèque, équipements pas si fréquents pour une population de 5000 âmes.
C'est une chance, j'en suis bien consciente, la perspective d'une retraite heureuse.
Bon, quitter grand pour plus petit est un vrai chantier. Que la joie nous donne du courage pour le déménagement.