22 novembre, c'est la fête de Sainte Cécile, patronne des musiciens.
A l'intention des esprits curieux, Cécile, morte le 22 novembre 230, était une sainte d'un modèle banal : vierge et martyre. Beaucoup de jeunes filles accédaient à ce statut (qui leur vaudra des
statues ) en déclarant leur foi chrétienne en même temps qu'elles refusaient de contracter mariage, ce qui déchaînait
immédiatement l'ire de leur père et des autorités romaines. Cécile fit preuve d'un peu plus d'originalité, elle mourut vierge et...mariée. Cette âme forte et persuasive avait réussi un double
exploit : convertir son fiancé à la religion chrétienne et le convaincre de ne jamais consommer leur mariage. Tous deux compensaient leur frustration en faisant la charité aux pauvres et en
s'abîmant dans la prière. Il en faut, décidément, pour tous les goûts.
Ce corps à qui elle n'avait pas fait de cadeau se montra particulièrement coriace. Il fallut quatre coups de hache pour la décapiter et, au XVIème siècle, quand on ouvrit sa
tombe providentiellement retrouvée, le corps était intact. A n'en pas douter, un corps aussi imputrescible ne pouvait appartenir qu'à une sainte, d'autant qu'il se mit à dégager un parfum de
roses, la célèbre "odeur de sainteté".
On rechercha dans les vieux grimoires des pieux mémorialistes quel aspect de sa vie pourrait être proposé à l'édification des foules. Il y avait bien le martyre mais il est peu
opérant, ne pouvant servir qu'une fois par croyant. Fort opportunément, on retrouva des témoignages de l'excellente qualité de son chant ; Cécile fut donc promue patronne des musiciens.
Il apparaît que la trouvaille n'était pas mauvaise et même qu'elle était durable, Sainte Cécile est toujours fêtée le 22 Novembre.
Qui dit célébration dit réjouissances, plus on est de fous plus on rit, plus on est nombreux et mieux on honore Sainte Cécile. Dans le Nord, pays de fanfares et harmonies, la Sainte Cécile est
une véritable institution dont l'ampleur dépasse encore de loin l'estivale fête de la musique.
En général, le programme est le suivant :
En fin de matinée, grand-messe dont la partie musicale est assurée par l'harmonie municipale en grande tenue. Au diable les querelles autour de la laïcité, à la sortie de l'église, tout le monde
est invité par Monsieur le maire pour un apéritif, cette fois en mairie, réunion au cours de laquelle sont remises les distinctions et récompenses aux musiciens méritants. Si le temps le permet,
que la pluie ne risque pas de gâter les instruments les plus fragiles, les défunts auront droit à leur défilé suivi de remise de gerbe. Après l'effort, le réconfort, c'est le banquet à la salle
des fêtes, suivi du bal commun avec les pompiers dont la fête de Sainte Barbe, est assez proche, le 4 décembre. Les airs et les danses à la mode ont changé depuis un siècle mais le cérémonial
reste le même et c'est tant mieux. C'est lors de journées festives comme la Sainte Cécile qu'on s'aperçoit de la place fondamentale qu'occupe la musique dans la culture populaire.
Bien des usages ont dépéri, les banquets de classe n'existent plus mais Sainte Cécile a toujours bon pied, bon oeil. Quand on vous disait qu'elle était coriace !
C'est le jour d'embrasser Cécile, musicienne ou pas.