La monarchie britannique cultive de savoureuses traditions aussi séduisantes que mystérieuses pour les Français républicains.
Au nombre des us et coutumes sacrés, l'interdiction faite aux héritiers du trône de partager un moyen de transport. Dans la pratique, le roi et le prince de Galles ne prennent pas le même bateau
ni le même avion. Cet usage n'est pas récent ; il ne remonte jamais qu'au douzième siècle.
En ce temps-là, une nuit de réveillon, La Blanche Nef fit naufrage en revenant de Normandie, noyant la fine fleur de l'aristocratie anglo-normande et, parmi eux, l'héritier du trône.
Les chroniques racontent qu'à partir de ce jour, le roi Henry Beauclerc cessa de rire à tout jamais et, de peur de ré-affronter pareille catastrophe, on institua pour la famille royale
l'obligation de voyager séparément.
Il paraît que Canal + sort une adaptation télévisée des Piliers de la Terre de Ken Follet.
N'étant pas abonnée, je n'aurai sans doute pas l'occasion d'en profiter mais je recommande, à tous ceux qui le peuvent, de la regarder pour se faire un jugement, et, surtout, de lire le roman si
ce n'est déjà fait.
C'est une perle littéraire comme on en rencontre peu, à vous réconcilier avec le roman historique, même si vous étiez fâchés. En même temps, c'est un polar au temps passé, il repose sur une
énigme : qui sont les responsables du naufrage de la Blanche Nef ?
A la fin, en bon auteur de polar, Ken Follet résout l'énigme. Bien sûr, c'est sa solution mais elle se tient.
Pour les sourcilleux qui piaffent d'impatience à la perspective de traquer l'anachronisme ou l'erreur historique, on leur souhaite bon courage.
Ken Follet qui n'est pas un historien professionnel a fait mieux que se tirer d'affaire.
Souhaitons que l'adaptation télévisée se montre digne de l'écrit.