Ces derniers jours, l'actualité bruissait du scandale survenu dans un laboratoire pharmaceutique : des comprimés de somnifère avaient pris, dans quelques boîtes, la place d'un diurétique généralement prescrit à des malades graves pour leur éviter l'œdème aigu du poumon.
Il s'agissait de médicaments génériques, on pouvait craindre le déchaînement de leurs adversaires habituels mais la substitution avait un aspect tellement aléatoire qu'il a fallu parler d'accident et, très vite, de malveillance. L'autorité de contrôle précisait :
« Il y a peut être eu un ou des actes de malveillance pour tromper la vigilance du laboratoire. Il n’est pas possible qu’au sein d’un lot il y ait des comprimés tantôt bons tantôt mauvais. Ces éléments traduisent qu’à un moment c’est une main humaine qui a fait ce qu’il ne faillait pas faire. »
Comment interpréter cette malveillance ?
La volonté de nuire à des malades ?
L'hypothèse est hautement improbable, il est difficile d'imaginer qu'on puisse faire courir un risque mortel à des inconnus.
Le désir de nuire à la réputation du laboratoire pour lui faire perdre des marchés.
C'est, hélas, plus vraisemblable.
Un laboratoire est une entreprise, il peut être agité par des luttes internes, conflits du travail, rivalités personnelles, jalousies...Rien n'est impossible mais il est difficile d'imaginer que le personnel veuille détruire son outil de travail, surtout en ces temps de crise.
Pour commettre une telle malveillance de sang froid, sans être arrêté par le scrupule, il faut que son auteur soit animé par ce qu'il regarde comme un intérêt supérieur, en vrac : la nation, la famille, l'honneur, la religion.
Et c'est sous cet angle qu'il faut peut-être reconsidérer l'acte malveillant. Le laboratoire ainsi attaqué est TEVA, le numéro 1 mondial des génériques et l'un des plus beaux fleurons de l'industrie israélienne.
Il suffit de prononcer le nom "Israël" pour déclencher les comportements de haine les plus irrationnels. Combien de martyrs auto-proclamés sont capables de tuer des innocents, uniquement pour nuire à Israël ?
Au nombre des explications possibles de cette substitution incompréhensible, l'hypothèse du crime antisémite ne peut pas être éliminée.
De "malveillance", le risque est grand de passer à "terrorisme".