18 février 2010
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21:05
Comme prévu, les foudres sont déchaînées autour d'Elisabeth Badinter.
Moins les autres la comprennent et plus ils me donnent envie de la soutenir ... peut-être à cause de souvenirs qui ne demandent qu'à remonter.
J'ai envie d'aggraver le constat par le rappel d'une mauvaise expérience hospitaliere.
En décembre 1973, j'ai accouché de mon fils dans une maternité d'hôpital, ni mieux ni plus mal réputée que d'autres.
J'avais décidé de ne pas allaiter. Pourquoi ?
A vrai dire, je n'ai pas vraiment d'explication. Formée à la santé et l'hygiène alimentaire, j'avais une assez bonne connaissance des vertus supposées de l'allaitement maternel ... mais je n'avais pas envie.
Imaginez l'effet qu'un affrontement peut déclencher sur une obstinée de mon espèce...
Et le choc se produisit.
A peine remontée dans ma chambre, après un travail de 36 heures, je comptais bien récupérer un peu.
En fait de repos, je reçois la visite de l'auxiliaire-puéricultrice qui m'annonce tout de go : "je vais vous montrer comment vous installer pour mettre le bébé au sein".
Je réponds "non". Devant son air interloqué, comme si je craignais qu'elle n'ait pas compris, je répète : "Non, je vais lui donner le biberon".
Perturbée, elle bredouille : "Je ne sais pas si c'est possible, je vais demander à l'infirmière" et elle disparaît.
A partir de ce moment, j'aurais pu me prendre pour une véritable VIP ; tout le staff a défilé pour essayer, en vain, de me faire changer d'avis. L'infirmière, la puéricultrice, la sage-femme, l'interne ... jusqu'au médecin chef.
Et là, ce fut homérique.
Il faut préciser que cet obstétricien hospitalier se prenait pour un grand patron, dans le genre militaire, style "Un ordre est fait pour être obéi, pas discuté". Il avait quelques idées bien arrêtées, s'y tenait et ne supportait pas d'être contredit.
En 1973, la péridurale n'était pas encore généralisée mais la pratique commençait à se répandre dans quelques maternités, pas dans la sienne... La prise en compte de la douleur, dans cette maternité, se résumait en quelques principes : Tu enfanteras dans la douleur, le mieux qu'on puisse faire pour toi, c'est te gratifier de quelques conseils abusivement dénommés "accouchement sans douleur", et puis, après tout, tu n'as pas pleuré quand on te l'a fait, tu ne vas pas pleurer pour le sortir ! Bref, question douleur, c'était un archéo-pontife. Mais pour l'allaitement maternel, c'était un militant aussi intransigeant que les modernes sectateurs du sein nourricier.
Il a entrepris de m'asséner les vertus du lait maternel. Plus il parlait, plus je me renfermais dans le refus.
Bref, le ton a monté et l'explication a tourné à l'altercation.
De plus en plus hors de lui, il a fini par me traiter de "mère dénaturée". Ne voulant pas être en reste, je lui ai rétorqué que je n'étais pas une vache laitière. Il est sorti fâché, je ne l'ai pas revu de mon séjour, mais je n'ai pas allaité, j'ai fait la preuve de mon autonomie et mon fils nourri au biberon ne s'en est pas plus mal porté.
J'ai bien ri de l'épisode mais je suis restée furieuse du traitement exercé sur les femmes plus timides ou plus respectueuses de l'autorité.
En effet, même hébergées en chambres individuelles, les mères se rencontraient tous les matins dans la salle de gymnastique. C'est là que j'ai appris à quel point l'ambiance était à la pression. Des femmes un peu timides, naïves, impressionnables avaient accepté de pratiquer un allaitement qu'elles refusaient au départ parce qu'on n'avait pas hésité à leur faire croire que, si elles ne voulaient pas donner le sein, le bébé n'aurait rien d'autre...
Ridicule, n'est-ce pas ; comment peut-on croire tant de stupidité ? Eh bien, si, il existe des femmes assez crédules pour qu'un tel chantage fonctionne.
En résumé, non seulement, Elisabeth Badinter a raison de parler de pression exercée sur les mères, mais je n'hésiterais pas à forcer le trait.
Il existe un vrai terrorisme de l'allaitement.
Moins les autres la comprennent et plus ils me donnent envie de la soutenir ... peut-être à cause de souvenirs qui ne demandent qu'à remonter.
J'ai envie d'aggraver le constat par le rappel d'une mauvaise expérience hospitaliere.
En décembre 1973, j'ai accouché de mon fils dans une maternité d'hôpital, ni mieux ni plus mal réputée que d'autres.
J'avais décidé de ne pas allaiter. Pourquoi ?
A vrai dire, je n'ai pas vraiment d'explication. Formée à la santé et l'hygiène alimentaire, j'avais une assez bonne connaissance des vertus supposées de l'allaitement maternel ... mais je n'avais pas envie.
Imaginez l'effet qu'un affrontement peut déclencher sur une obstinée de mon espèce...
Et le choc se produisit.
A peine remontée dans ma chambre, après un travail de 36 heures, je comptais bien récupérer un peu.
En fait de repos, je reçois la visite de l'auxiliaire-puéricultrice qui m'annonce tout de go : "je vais vous montrer comment vous installer pour mettre le bébé au sein".
Je réponds "non". Devant son air interloqué, comme si je craignais qu'elle n'ait pas compris, je répète : "Non, je vais lui donner le biberon".
Perturbée, elle bredouille : "Je ne sais pas si c'est possible, je vais demander à l'infirmière" et elle disparaît.
A partir de ce moment, j'aurais pu me prendre pour une véritable VIP ; tout le staff a défilé pour essayer, en vain, de me faire changer d'avis. L'infirmière, la puéricultrice, la sage-femme, l'interne ... jusqu'au médecin chef.
Et là, ce fut homérique.
Il faut préciser que cet obstétricien hospitalier se prenait pour un grand patron, dans le genre militaire, style "Un ordre est fait pour être obéi, pas discuté". Il avait quelques idées bien arrêtées, s'y tenait et ne supportait pas d'être contredit.
En 1973, la péridurale n'était pas encore généralisée mais la pratique commençait à se répandre dans quelques maternités, pas dans la sienne... La prise en compte de la douleur, dans cette maternité, se résumait en quelques principes : Tu enfanteras dans la douleur, le mieux qu'on puisse faire pour toi, c'est te gratifier de quelques conseils abusivement dénommés "accouchement sans douleur", et puis, après tout, tu n'as pas pleuré quand on te l'a fait, tu ne vas pas pleurer pour le sortir ! Bref, question douleur, c'était un archéo-pontife. Mais pour l'allaitement maternel, c'était un militant aussi intransigeant que les modernes sectateurs du sein nourricier.
Il a entrepris de m'asséner les vertus du lait maternel. Plus il parlait, plus je me renfermais dans le refus.
Bref, le ton a monté et l'explication a tourné à l'altercation.
De plus en plus hors de lui, il a fini par me traiter de "mère dénaturée". Ne voulant pas être en reste, je lui ai rétorqué que je n'étais pas une vache laitière. Il est sorti fâché, je ne l'ai pas revu de mon séjour, mais je n'ai pas allaité, j'ai fait la preuve de mon autonomie et mon fils nourri au biberon ne s'en est pas plus mal porté.
J'ai bien ri de l'épisode mais je suis restée furieuse du traitement exercé sur les femmes plus timides ou plus respectueuses de l'autorité.
En effet, même hébergées en chambres individuelles, les mères se rencontraient tous les matins dans la salle de gymnastique. C'est là que j'ai appris à quel point l'ambiance était à la pression. Des femmes un peu timides, naïves, impressionnables avaient accepté de pratiquer un allaitement qu'elles refusaient au départ parce qu'on n'avait pas hésité à leur faire croire que, si elles ne voulaient pas donner le sein, le bébé n'aurait rien d'autre...
Ridicule, n'est-ce pas ; comment peut-on croire tant de stupidité ? Eh bien, si, il existe des femmes assez crédules pour qu'un tel chantage fonctionne.
En résumé, non seulement, Elisabeth Badinter a raison de parler de pression exercée sur les mères, mais je n'hésiterais pas à forcer le trait.
Il existe un vrai terrorisme de l'allaitement.