17 octobre 2011. Voilà 50 ans, la police parisienne, aux ordres du préfet Papon de sinistre renommée, arrêtait une manifestation d'Algériens dans la violence et la terreur.
Le nombre des victimes précipitées à la Seine a fait l'objet de constantes réévaluations, d'un ridicule "deux ou trois" reconnus par la police, au départ, à plusieurs centaines, bilan admis aujourd'hui par les historiens.
La mémoire de ce véritable crime s'est établie difficilement comme celle de toutes les souillures du drapeau national. On n'a aucun mal à y voir la marque des tenants de l'Algérie Française et celle des fanatiques de l'ORDRE, toujours enclins à préférer le silence à la justice ; plus surprenant, l'oubli a longtemps régné à gauche. Le souvenir du 17 octobre où des Algériens de Paris furent massacrés a été recouvert par celui du métro Charonne, quelques mois plus tard, où la répression d'une manifestation de Français contre l'OAS fit des morts, essentiellement des militants communistes. Le tri des mémoires est souvent plus révélateur que les proclamations anti-racistes.
Les historiens se sont réveillés et mis au travail sur un tard. Aujourd'hui, il est courant de lire ou d'entendre que le premier à publier sur le 17 octobre fut Jean-Luc Einaudi, ... dans les années 90.
Rendons à César ce qui est à César, ou plutôt reconnaissons à un écrivain son rôle de précurseur sur les historiens ; le premier à lancer le pavé dans la Seine, et non dans la mare, fut Didier Daeninckx quand il publia "Meurtres pour mémoire", prix Paul-Vaillant-Couturier en 1984.
A l'attention du petit nombre qui ne l'auraient pas lu, ils ont tout intérêt à s'y mettre. C'est un polar donc moins ennuyeux que beaucoup d'essais (n'en déplaise aux quelques historiens qui savent captiver). Il détient même un coup de génie : le passage entre les deux "temps forts" de la carrière de Papon, la déportation des juifs pendant la guerre et le 17 octobre 1961.
Pour ceux qui l'auraient lu mais ne rechigneraient pas devant une "piqure de rappel", le ciquantième anniversaire voit la publication d'une BD sur le même sujet par le même auteur avec le dessinateur Mako. C'est "Octobre Noir".
Heureusement, aucun rapprochement avec Septembre Noir ...de sinistre mémoire.
Encore la mémoire ... Décidément, nous n'en sortirons jamais et c'est tant mieux.