A Gubbio, bourgade italienne, au début du XIIIème siècle, les gens sont terrorisés par un grand loup féroce. Chacun se barricade chez soi, alors qu'en se groupant, quelques gaillards décidés en viendraient à bout. La peur paralyse les plus braves.
Bientôt vint à passer par là ... non pas Saint Nicolas, mais François d'Assise qui deviendra saint,
lui aussi... mais à l'époque, on ne le sait pas.
Pas encore saint mais pas non plus stupide, François comprend qu'il est inutile de les appeler au courage et à la solidarité. Il faut d'abord faire cesser la peur. Il va donc utiliser sa principale qualité, la parole et le don qu'il possède de se faire entendre par les animaux.
Il va trouver le loup, ne se fait pas manger et lui propose un marché : s'il arrête de dévorer les gens et leur bétail, il pourra vivre en paix avec eux ; les hommes ne le chasseront plus et l'aideront même à se nourrir.
Décidément persuasif, il parvient à convaincre les habitants que la bête respectera le marché.
Tout se passe comme prévu, le loup se promène en ville, amical comme un chien, et quand il vient à mourir de vieillesse, tout le monde le regrette.
Voilà une fable difficile à croire... Sans doute, on vous le concède, mais il faut croire que François d'Assise avait un grand talent de conviction. En pleine époque de croisade, dans l'espoir de faire cesser la violence, il s'est rendu auprès du sultan pour lui prêcher la parole divine. Or, le sultan était une vraie terreur, tout chrétien passant à sa portée était immédiatement occis.
En quelque sorte, il ressemblait au loup de Gubbio.
François réussit moins bien avec lui qu'avec le loup, il ne put établir la paix, mais le sultan manifesta à son égard une mansuétude incroyable : non seulement il ne le fit pas exécuter mais il l'écouta volontiers, prit un grand plaisir à discuter avec lui et lui fournit une escorte pour garantir la sécurité de son retour. Amadouer un féroce sultan ou un loup sanguinaire ... après tout, y a-t'il une grande différence ?
Plus intéressant à observer : les réactions du public. Elles nous apprennent beaucoup sur l'évolution des mentalités.
Quand François d'Assise donnait des ordres à un loup, les gens criaient au miracle ; une telle grâce ne pouvait venir que de Dieu, François d'Assise fut canonisé.
Deux siècles plus tard, quand un paysan manifestait le même don et devenait meneur de loup, on y voyait l'intervention du diable, l'Inquisition lui tombait dessus et il finissait sur le bûcher.
Entre temps, la guerre, la famine et la peste avaient porté un grand coup au moral des sociétés.
Les faits divers et les anecdotes nous en apprennent plus sur une époque que les plus doctes travaux.
Des siècles plus tard, François d'Assise est toujours une figure sympathique pour croyants et mécréants. Attention aux contrefaçons, choisissez bien votre St François, adoptez celui d'Assise à l'exclusion de tous les autres.
Alors, bonne fête à tous les François que nous embrassons.