Les cliniques privées attaquent l'État pour atteinte à la libre concurrence.
L'affaire ne se passe pas aux Etats Unis, ce n'est pas le dernier coup de gueule d'un tea-party, la plainte émane de quelques industriels français de l'hospitalisation privée. Les pauvres ! ils
seraient discriminés...
Quand nous aurons le temps, nous les plaindrons.
Pour mettre en évidence l'inanité de leur raisonnement, on se laisserait bien aller à dire : "CHICHE ! Vous revendiquez la libre concurrence ; allez-y, mais prenez la entière, effectuez
toutes les tâches et corvées de l'hôpital public et nous en reparlerons".
L'hôpital soigne les malades sans faire de tri. Que le patient ait besoin d'une opération chirurgicale ou de soins médicaux, l'hôpital s'en occupe. Les cliniques privées font surtout, pour
ne pas dire uniquement, de la chirurgie facturée un bon prix à l'assurance maladie.
A l'hôpital, les séjours qui ne rapportent rien ; aux cliniques, les juteuses prothèses.
Mesdames et Messieurs les gestionnaires de cliniques, êtes- vous disposés à soigner des malades chroniques qui vont occuper de la place et du personnel et laisser partir vers l'hôpital les
prothèses de hanche et autres cataractes qui font votre fond de commerce ?
Evidemment, votre réponse est négative. Vous êtes là pour faire du rentable, pas du solidaire. D'ailleurs, vous avez tout prévu depuis des temps immémoriaux, vous avez vos réseaux. Le patient
"ordinaire", pas forcément très riche mais doté d'une bonne mutuelle (comme dit la publicité), s'il a besoin de subir une opération, se voit systématiquement conseiller une clinique par son
médecin traitant. S'il manifeste assez d'originalité pour suggérer l'hypothèse "Hôpital Public", il se heurte au manque d'expérience de son interlocuteur, voire à sa réprobation.
Comment l'hôpital peut-il être autre-chose qu'un gouffre si les soins rentables sont systématiquement détournés vers le secteur marchand ?
Si vous désirez parler des monopoles de l'hôpital public, il faudra bien aborder les questions liées de l'enseignement et de la recherche. Nous attendons toujours que vous mettiez la
main à la poche pour financer des secteurs qui ne sont pas des frais mais des investissements. Là-dessus, votre attitude est d'une clarté sans équivoque : l'hôpital investit et vous encaissez les
bénéfices quand l'heure est venue d'appliquer. Vous êtes des développeurs, pas des chercheurs.
Partons du principe que tout le monde est honnête et de bonne foi, laissons de côté les problèmes de sur-facturation. Limitons le débat aux simples questions de bilan, charges et
profits.
Sale temps pour les forcenés du libéralisme intégral, à la place des actionnaires de l'hospitalisation privée, je me ferais du souci de voir les gestionnaires revendiquer une égalité de
traitement avec le public. Une remise à niveau ne sera pas à leur avantage.