Le 20 août, c'est la fête de Bernard, prénom d'origine germanique, étymologiquement "ours courageux".
Cette définition, il faut bien le reconnaître, va comme un gant au patron des Bernard français, Bernard de Clairvaux, saint du XIIème siècle, généralement décrit par ses amis comme un conservateur courageux et, par ses nombreux adversaires, comme un abruti fanatique.
A son actif, d'entrée de jeu, un tour de vis sur la règle de St Benoît.
En France, du Xème au XIIème siècle, le fleuron de la règle bénédictine était Cluny, ordre très prestigieux, faiseur de rois et de papes. Sa splendeur dépassait de loin St Pierre de Rome, pour la gloire de Dieu, bien entendu. L'opulence suscitant la réforme à toutes les époques, des moines adeptes de l'ascétisme vitupérèrent la gloire de Cluny et bientôt fondèrent l'ordre de Citeaux dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'était pas question de s'y amuser. Bernard de Clairvaux fut le plus célèbre d'entre eux. L'ordre cistercien, c'était un régime sévère, proche de la famine, des locaux nus sans décoration ni chauffage, le travail manuel et l'hostilité à l'égard des travaux intellectuels non strictement religieux. Des fanatiques, on vous dit.
Bernard ne demeura pas reclu dans son monastère, il voulait faire profiter la chrétienté entière de son zèle militant.
Il combattit Abélard (celui dont l'aventure avec Héloïse avait si tragiquement fini). Ce grand intellectuel voulait relier philosophie et théologie ; pour Bernard, seule comptait la parole divine, exit la philosophie, il fit condamner les propositions d'Abélard.
Décidément fort concerné par le monde, Bernard organisa un ordre de moines-soldats, les Templiers, qui ne furent pas spécialement ascètes. Dans le même mouvement, il appela à la deuxième croisade qui fut un échec mais, loin de se décourager, il lança la croisade contre les Albigeois. Le seul geste de douceur qu'on retienne à l'actif de cet homme de Dieu est d'avoir interdit de massacrer les juifs. Il voulait "seulement" les convertir.
A part cette mansuétude fort relative, il faut bien reconnaître que c'était un bel exemple de taliban catho.
Alors, les Bernard, ne suivez surtout pas le mauvais exemple de votre saint patron.
Bonne fête. On vous embrasse.