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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 13:03

  Est-ce un abus de langage ? Les soulèvements populaires de Tunisie et d'Egypte sont généralement qualifiés de Révolution.
Ceux qui les regardent avec bienveillance pourraient se servir d'un autre mot, ils leur épargneraient un rapprochement fatal avec les révolutions du globe terrestre : il effectue un tour complet pour se retrouver dans la même position. En leur souhaitant d'échapper à ce destin funeste, donnons au terme "révolution" le sens courant de bouleversement amenant un changement de régime politique.

 

   D'aucuns n'hésitent pas à rappeler le dialogue du 15 juillet 1789 entre Louis XVI et La Rochefoucauld. Évoquant la prise de la Bastille, le roi interroge : "C'est une révolte ?" et son interlocuteur de répondre :"non, Sire, c'est une révolution". La réplique connaîtra un certain succès ; néanmoins, sens de la formule ne veut pas dire exactitude, La Rochefoucauld s'est "planté".
   Peu de révolutions se sont passées de soulèvement populaire mais l'élément décisif ne réside pas dans les mouvements de foule. Le déferlement des Parisiens affamés et surexcités contre une prison mal défendue n'aurait pas suffi à faire tomber la monarchie. N'en déplaise aux adorateurs de symboles, la Révolution Française n'a pas eu lieu le 14 juillet 1789. Elle doit beaucoup plus à la nuit du 4 août 1789, nuit de l'abolition des privilèges. Et ce n'était qu'un début, la consolidation du changement a pris un siècle entrecoupé d'épisodes d'empire et de royauté.
   La remarque vaut pour tous les pays. Le coeur aime se rappeler le cuirassé Potemkine, les soldats fraternisant avec les mutins. Le talent considérable d'Eisenstein et la chanson de Jean Ferrat y sont pour beaucoup, mais une mutinerie n'a rien changé à la domination des tzars. Il faudra encore des années pour assister à la Révolution d'Octobre, beaucoup moins romantique mais soigneusement préparée de l'étranger par un parti communiste clandestin très organisé. Il avait formé des cadres prêts à diriger le pays.
    Nous fondant sur l'expérience des révolutions passées, il faudrait attendre qu'émerge un nouveau régime.
Mais aurons nous le temps ?
    Les charognards ne vont pas manquer pour dépecer des états en ruine.
Le meilleur morceau, comme d'habitude reviendra aux plus forts, à ceux qui auront tout prévu et se seront donné les armes politiques. Que vont peser les jeunes inorganisés, volontairement inorganisés par exigence de démocratie, face à l'expérience des vieux partis, les moyens des armées et le poids des religieux ? Leur avenir donne plus de souci que d'assurance.
    On aimerait les aider mais comment ?
De récentes aventures nous ont rendus prudents ; le droit d'ingérence a fait long feu. De toute façon, dans une ancienne colonie, il n'est pas question d'amener notre solution. La démarche paraîtrait, à juste titre, déplacée.
On ne va pas non plus leur envoyer des Brigades Internationales qui s'enliseraient dans des luttes où il y a plus à perdre qu'à gagner. Guevara mourant en Bolivie n'est plus un exemple. Alors que faire ?
    Rien, nothing, nada !
C'est affreusement agaçant, tellement contraire à nos généreuses bouffées d'altruisme, mais il faut accepter de nous incliner devant la raison.
Les naissances prématurées sont toujours porteuses de risques.
  La révolution naîtra comme la vie quand elle sera prête.

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 23:33

  Le 4 février, c'est la Sainte Véronique, jour de fête pour les photographes.


  Pourquoi ?
Sainte Véronique, si vous n'avez pas connu le catéchisme ou si vous l'avez oublié, c'est la femme qui s'est précipitée sur Jésus pendant le chemin de croix pour essuyer avec un linge son visage ensanglanté et maculé de crachats.

Après avoir fait ce geste, elle regarde son mouchoir : le visage de Jésus s'est imprimé dessus.

C'est à peu près tout ce qu'on sait d'elle mais le "miracle" lui a valu la sainteté et l'impression de l'image sacrée en a fait presque automatiquement la sainte tutélaire des photographes.
  La date, 4 février, tombe à pic. En cette saison, il y a peu d'activité en photo ; les professionnels sont plus disponibles pour organiser des banquets.

  Enfin, c'était avant que la profession fût décimée par de présomptueux amateurs ... mais c'est une autre histoire.


   Jusqu'à la fin des années 90, à la date susdite, le métier se réunissait et festoyait.
Une fois par an, se retrouvaient des collègues qui n'avaient pas d'autre occasion de se rencontrer.
Pour beaucoup, le souvenir de la Ste Véronique est empreint de nostalgie.


  Secouons la tentation de tristesse, rappelons une anecdote :
Une cliente voulait se faire tirer le portait un 4 février. Pour lui expliquer qu'elle ne pourrait pas obtenir de rendez-vous ce jour-là, je lui précise que le studio sera fermé à l'occasion de la Ste Véronique qui est la fête des photographes comme la St Joseph est celle des menuisiers.
   -"Ah bon, je n'ai jamais entendu parler de Ste Véronique. Qu'est-ce qu'elle a fait pour être la sainte des photographes ?"
N'ayant aucune intention de donner une leçon de catéchisme, je prends le parti de l'humour :

"C'est elle qui a inventé le Polaroïd."


    Et la cliente de répondre : "Ah, bon ! Je n'aurais pas cru que c'était aussi ancien."

                                                            

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31 janvier 2011 1 31 /01 /janvier /2011 11:05

  Pêché dans Le Monde.fr :

Le Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, ou la nostalgie d'un destin égyptien
L'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique se pose en leader de l'opposition.

    Il n'est pas le seul. Impossible de ne pas faire de rapprochement avec un Français....

Être au sommet d'une institution internationale, avoir rang de chef d'état et prendre le risque de tout perdre pour diriger un petit pays, c'est, en quelque sorte , passer du Grand Salon à l'office.

D'aucuns trouveront cette attitude incompréhensible, déraisonnable. Dominique Strauss Kahn, puissant économiste  au FMI,  Mohamed ElBaradei couronné d'un prix Nobel de la Paix pour son action à l'AIEA, n'ont rien à gagner à participer aux médiocres escarmouches de la conquête d'un pouvoir local.

Que, diable, iraient-ils faire dans cette galère ?

Le caractère, la passion, la nature profonde de certains hommes...

     Un grand spécialiste du pouvoir avait donné la réponse, il y a plus de vingt siècles. C'était pendant la guerre des Gaules : Jules César.

    Traversant avec son aide de camp un patelin des plus minables, les deux hommes tombent au milieu d'une bagarre généralisée. Plusieurs prétendants au titre de chef du village, accompagnés de leurs partisans respectifs, sont occupés à s'entre-tuer.

L'aide de camp commente avec logique :

"qu'ont-ils à gagner qui vaille la peine de risquer sa vie pour si pauvre butin ?"

Et la réponse de César : "J'aimerais mieux être premier ici que second à Rome."

    Les hommes, apparemment, n'ont pas changé ; quand la passion du pouvoir les habite, la raison n'a plus sa place.

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27 janvier 2011 4 27 /01 /janvier /2011 00:53

    Pour commencer, petite précaution oratoire : je ne cherche pas l'originalité à tout prix, néanmoins, je vais encore une fois ramer contre le courant majoritaire et, comme je ne sais pas nager, d'aucuns prendront un malin plaisir à m'enfoncer la tête sous l'eau. Peu importe, mieux vaut être seule qu'en mauvaise compagnie.
   Ces derniers jours ont été remplis de propos acrimonieux à l'égard de Frédéric Mitterrand. Il doit commencer à en prendre l'habitude, c'est le jeu de la politique d'être critiqué par les adversaires du gouvernement auquel on appartient. Quand on est dans l'opposition, il y a un côté grégaire et jouissif à hurler avec les loups.
    Pour une fois, faisons exception à cette règle : il peut même arriver qu'un ministre ait raison.
    Bref état des lieux :
    Une foule de doctes amnésiques avaient espéré que Frédéric Mitterrand rangerait Céline parmi les auteurs à célébrer ; ils sont renvoyés à leurs chères études, la république ne rendra pas d'hommage à Louis-Ferdinand.
    Les déçus, évidemment, s'indignent, c'est très à la mode (voir article précédent).

"Comment ! Le purgatoire a assez duré.

"Voyage au bout de la nuit" est un chef d'oeuvre, un texte majeur de la littérature du vingtième siècle et bla-bla-bla ..."
    Ne contestons pas à la critique littéraire le droit d'encenser "Voyage ..." Ses admirateurs sont nombreux et, comme dit l'adage populaire, "des goûts et des couleurs, il ne faut pas en discuter."

     Mais Céline n'a pas écrit que ce roman ; c'est aussi l'auteur de pamphlets antisémites bien répugnants dont le plus connu est le révoltant "Bagatelles pour un massacre" , écrits, circonstance aggravante, alors qu'on exterminait les juifs. Dans un tel contexte, Céline était un salaud et sa plume criminelle. 
Faut-il ajouter qu'il n'a rien regretté ? Il a bénéficié une chance que n'a pas connue Brasillach ; il a sauvé sa vie... mais pas sa réputation.
Ses défenseurs insistent sur les bons côtés du personnage. Médecin, il soignait facilement les pauvres et il aimait les chats, son Bébert a beaucoup fait pour le rendre sympathique aux amis des animaux.

    Gardons la valeur et le sens des mots ; Hitler aimait ses chiens, personne n'y voit une circonstance atténuante. Incontestablement, Céline est un salaud, une ordure qu'il n'est pas question de réhabiliter.


     Le moyen d'apaiser les admirateurs de "Voyage..." sans tomber dans un renoncement honteux ?
C'est peut-être plus simple qu'il n'y paraît : il ne faut rien changer.

    Le texte de "Voyage au bout de la nuit" peut continuer à figurer dans les manuels de littérature du vingtième siècle mais sans être accompagné d'une étude laudative du personnage Céline ; ses états d'âmes ne présentent aucun intérêt et, surtout, les pamphlets ne doivent pas être réédités.

     Certains croient défendre la liberté d'expression en demandant que toute l'oeuvre de Céline soit accessible sans restrictions. Leur attitude est la même que celle des défenseurs du négationnisme ; ils croient que leurs propos relèvent de la liberté d'expression. Pourtant, des mots ont déjà tué et en sont toujours capables.


    La loi française ne s'y est pas trompée qui punit l'antisémitisme et le négationnisme.
Il faut raison garder ; même si nous n'avons aucun cadeau à faire au pouvoir actuel, il faut prendre acte d'une décision juste.

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 23:12


"Indignez-vous !" 

   Ah! on nous l'a intimé, rabâché cet ordre !

Son auteur était en passe de devenir une espèce de saint laïc. De gauche à droite, aucun adversaire ; le peuple entier des braves gens se répandait en louanges. Il ne faisait pas bon élever le moindre doute, personne n'aurait osé trouver suspecte une telle unanimité.
   Un très vieux monsieur, ancien résistant et spécialiste en droits de l'Homme, il faut s'y reprendre en deux fois avant de critiquer.

Stéphane Hessel, il s'agit de lui, a forcément raison.
   Eh bien, tant pis, osons. Le temps des vaches sacrées est fini. Hessel est devenu le modèle et la caution morale de toutes les "belles âmes", celles qui se précipitent avec constance sur toutes les victimes et fustigent leurs prétendus bourreaux.
Au nombre des victimes disponibles, une vedette surpasse toutes les autres en popularité douteuse, c'est le Palestinien sous toutes ses formes. Faire le tri des bons et des méchants ralentirait l'ardeur des bonnes volontés. Tous méritent l'attention et l'indignation des "belles âmes".
    Votre indignation en toc, vous pouvez la garder. Elle est le pire service à rendre aux Palestiniens. Quand leur état existera, il faut qu'il prenne corps, leurs démocrates seront les premières victimes des fanatiques que vous excusez toujours.
    L'Ecole Normale Supérieure ne vous a pas autorisé à tenir dans ses locaux le prétendu débat, en réalité le discours de propagande, où il était prévu de donner la parole aux meilleurs spécialistes de l'antisémitisme camouflé en antisionisme.

   Les "belles âmes ont trouvé là une merveilleuse occasion de s'indigner.

   Il fallait s'y attendre. La belle indignation, objet de tant de soins, n'est qu'un vice démagogique, à moins qu'elle soit le résultat d'un manque de réflexion, peut-être l'effet de la fatigue et de l'âge.
    Finir si tristement une arrière glorieuse... La vieillesse, parfois, est un naufrage.

 


Dans Le Monde du Vendredi 28 Janvier 2011

Une lettre de Monique Canto-Sperber,  directrice de l'ENS, "Pourquoi j'ai annulé un meeting propalestinien. L'ENS ne pouvait soutenir un boycottage universitaire."

 


1er Mars 2011,

un rapprochement malicieux et pertinent :

La pression s'accentue de la part des gouvernements du monde occidental, pour obtenir le départ de Kadhafi et la fin des combats, qui ont fait plus d'un un millier de morts, pour lesquels Stéphane Hessel n'a manifesté aucune indignation.

Autrement dit : l'indignation est sélective et les masques tombent.

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 10:57

  Ils prennent l'air, les petits dictateurs.

Ben Ali s'en va ; Bébédoc revient.

   Tiens,  on l'avait oublié celui-ci. Il va très bien, un peu vieilli mais, dans l'oisiveté de son exil doré, il est resté en aussi bonne forme que possible, assez pour caresser le rêve d'une nouvelle carrière.

Il faut dire que la situation s'y prête ; une île détruite, en vrac, une population qui manque de tout sauf de promesses non tenues, Bébédoc saisit l'occasion pour faire son grand retour, un peu comme les ex-vedettes de variété profitent de la vacuité des programmes pour faire leur come-back. Dans une île-marigot où crocodiles et serpents s'arrachent l'aide humanitaire, il faut s'attendre à tout.


   Dans l'immédiat, il partage la vedette avec le nouvel exilé tunisien.
   Comme les tyrans ont mauvaise presse, la foule en liesse crie "bravo".

Des esprits grincheux, il y en a toujours, prédisent que la joie ne va pas tarder à laisser place aux barbus et aux femmes voilées. Comme le pire n'est jamais sûr, avant de jouer les Cassandre, on pourrait peut-être laisser une chance aux démocrates tunisiens. Privés de liberté depuis plus de vingt ans, ils ne sont probablement pas pressés d'y renoncer au profit des islamistes.


    En revanche, le fuyard a peut-être en vue d'imiter Bébédoc ; en moins de temps, cela va de soi, son âge ne lui permet pas de se donner vingt ans !
   Il s'est enfui, il n'a pas été démis. S'il veut reprendre sa place, il pourra mettre en avant sa légitimité.
   Il faut que le peuple soit impatient de le revoir ; le mieux serait qu'il le rappelle.
   Le moyen d'y arriver ?
Elémentaire, mon cher Watson : le chaos !
   C'est ici que réapparaît l'expérience Bébédoc. Lui aussi s'était enfui devant la colère du peuple, pour sauver sa vie.
   Hélas, depuis des temps immémoriaux, on sait que, pour les peuples, l'anarchie est pire que le despotisme. Survivre sous le poids d'un chef est difficile mais, dans le chaos, une multitude de petits chefs essaient de faire la loi. Leur résister à tous devient vite infernal et on regrette le temps du tyran unique. Au moins, on savait sur quel pied danser.
Tous les dictateurs le savent et ils construisent leur implacable sérénité sur cette connaissance .
Ben Ali a déjà préparé le terrain. Ses anciennes "forces de sécurité" sont devenues des troupes de brigands ; ils volent, pillent, créent des fausses rumeurs, en un mot : terrorisent le peuple.
" Ce n'est qu'affaire de patience, se dit le fugitif ; d'ici peu la populace me suppliera de revenir. Dans ma grande magnanimité, je lui accorderai ce plaisir mais à mes conditions. Finis les quelques petits restes de liberté que j'avais été assez bête pour leur abandonner ; je rentre, soit, mais ils obéissent et ils se taisent."
   C'est un mauvais scénario mal joué par de mauvais comédiens mais il est terriblement prémonitoire.
Pour que l'anticipation ne prenne pas corps, il faut qu'enfin se mette en place une vigilance sans faille de toutes les démocraties.

     Pas de retour au pays pour les tyrans enfuis.  

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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 23:33

Tout le monde doit en être persuadé, il faut sauver l'hôpital public. 

Notre santé n'est pas une variable d'ajustement ni un produit de consommation courante. Elle est unique et nous y tenons.

 N'oublions pas d'avoir le réflexe "HÔPITAL" quand il nous appartient de choisir un établissement de soin.

Signons et faisons signer la pétition :

A  LIRE, A SIGNER, ET A FAIRE CIRCULER AU MAXIMUM DE VOS CONTACTS EN LEUR DEMANDANT DE FAIRE LA MÊME CHOSE AVEC LES LEURS.
IL FAUT RASSEMBLER  1 000 000  DE SIGNATURES AVANT LA FIN DU MOIS

>  Objet : Défendons l’Hôpital Public !

Voulez-vous signer la pétition ?         

www.petition-mdhp.fr

    
> 
Ci-dessus, vous trouverez la pétition de défense de l'hôpital public, à faire signer au plus grand nombre possible de personnes.
> 
Merci de la signer vous-même et de la faire suivre à tout votre carnet d’adresses.
>  
Quelques minutes de votre temps pour une grande cause ! 
> 
Objectif du Mouvement de Défense de l'Hôpital public : Dépasser le million de signatures avant la fin du mois.


>

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 10:33

  Une vieille blague :

" Les juifs, on peut leur trouver tous les défauts qu'on veut. Soit, mais ils ne sont pas rancuniers.

Ils n'en ont jamais voulu à Moïse de les avoir embarqués dans le seul coin du Moyen-Orient où il n'y a pas une seule goutte de pétrole."

 

Pas de pétrole, peut-être, mais ...

aux dernières nouvelles, dans Le Monde.fr

 

Israël découvre d'importants gisements de gaz et rêve de devenir exportateur.

 

Les religieux marquent un point, ils vont se féliciter d'avoir eu confiance !

 

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 18:23

    Comme beaucoup de "littéraires", j'ai longtemps cru que les humanités étaient sacrifiées au bénéfice des sciences.
     Folle que j'étais !
  L'enseignement des mathématiques est aussi mal en point que celui des lettres.


A l'occasion d'une visite à mes petites-filles, je suis tombée au milieu d'une séance cauchemardesque :

la maman, sur le point de craquer, essayait en vain de comprendre le sens d'un fatras de dessins photocopiés  censés être l'énoncé d'un problème, 

la grand-mère maternelle,  jeune directrice d'école en retraite, tentait de trouver une explication au fait que les adultes n'y voyaient pas plus clair que les enfants.

Quant-à l'écolière, pourtant une des meilleures élèves de sa classe de CM1, elle avait pris de parti de sangloter de découragement en répétant qu'elle n'y arriverait jamais.
  Nouvelle arrivante donc, à priori, plus calme, j'essaie à mon tour d'affronter le problème et j'ai compris ... qu'il s'agissait de faire résoudre des fractions à des enfants qui n'avaient pas appris la division. Dur, dur ...
  Histoire de détendre l'ambiance, j'ai donc invité la désespérée à une séance de pâtisserie.
Évidemment, le but de l'exercice, vieille astuce connue de toutes les grand-mères, était de faire recalculer les proportions pour une quantité différente de celle de la recette. Il nous a fallu nous rendre à l'évidence, une enfant qui va passer au collège dans moins de deux ans, ne connaît pas la division.

  J'ai essayé de lui expliquer qu'une division est comme une multiplication à l'envers. Je ne suis pas certaine qu'elle ait compris et je suis convaincue que le problème de l'enseignement est beaucoup plus grave que ce que nous imaginons souvent.


  N'existe-t'il pas assez de vrais problèmes sans qu'on se croie obligé de saccager ce qui marchait encore, il y a peu ?

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 00:21

       Rien n'est plus tenace, plus indestructible, que les traditions, surtout les pires.
Le cas russe en est un exemple parfait.


  Le pouvoir tsariste fut une espèce d'autocratie archaïque dominant une économie de rente au service d'une féodalité. Au bas de l'échelle, la paysannerie misérable et inculte était doublement asservie par une noblesse brutale et un clergé obscurantiste.
  La Révolution d'Octobre survint comme un coup de tonnerre, obligeant les marxistes orthodoxes à négocier un virage sur l'aile. Ils attendaient la révolution dans les sociétés industrielles d'Allemagne ou de Grande Bretagne et elle survenait comme un hasard bienheureux dans une Russie arriérée où la classe ouvrière était quantité négligeable.

  On bricola les textes fondateurs et l'improbable révolution soviétique fut érigée en référence absolue du communisme international. Le peuple russe ne découvrit pas la liberté, il changea de maître et trouva en Lénine ou Staline la réincarnation des anciens tsars.
  Ce régime n'étant pas plus inoxydable que tous les autres, il a fini par céder la place à une espèce de couple maudit : l'autoritarisme d'état associé au capitalisme le plus sauvage.
  Ce grand pays a connu des bouleversements, brûlé un jour ce qu'il avait adoré la veille.

                Au cours de ce chambardement, se sont maintenus intacts quelques restes de la vieille Russie : des souvenirs, icônes et poupées russes, qu'on peut ne pas aimer (des goûts et des couleurs ...) mais qui ne font de mal à personne.

  Une autre survivance ne participe pas d'un folklore inoffensif mais d'un fléau, c'est le célèbre "ventre toujours fécond de la bête immonde", l'antisémitisme, le même qui éclatait dans les pogroms d'autrefois ; il  est seulement plus administratif, plus hypocrite, il ne se proclame pas mais il est toujours en embuscade pour mordre et tuer.


    Grâce à lui, Mikhaïl Khodorkovski en reprend pour 14 ans de camp en Sibérie.

  Évidemment, ses juges ne sont pas assez bêtes pour mentionner dans leur jugement le crime de judéité. Les grandes catastrophes du vingtième siècle leur ont appris qu'il y a des risques à faire usage de certains arguments.

  Officiellement, il est condamné pour avoir un peu (et même beaucoup) confondu la caisse de son entreprise et la sienne propre, un délit très, très, ordinaire, généralement baptisé "abus de biens sociaux".
  C'était au bon vieux temps d'Eltsine et du fric décomplexé ; tous les oligarques qui n'étaient pas idiots en faisaient autant. Si tous avaient  connu la même répression, il n'y aurait plus de place dans les camps sibériens et la Côte d'Azur n'aurait pas connu les beaux investissements de la mafia (pardon, de la finance) russe. Ceux qui sont restés à leur place (comprendre : partager avec les hommes au pouvoir et, surtout, ne pas se mêler de politique), ceux-là coulent des jours prospères.

  Khodorkovski a eu le mauvais goût de ne pas manger de ce pain-là et de le faire savoir. L'argent détourné devait même financer un parti d'opposition.
De la délinquance financière, on passe au combat politique. Le coupable se présente en héraut de la Liberté, il revendique au nom de la Russie écrasée le plein exercice des Droits de l'Homme. Et ça ne fait pas du tout rire les Poutine et Medvedev menacés.


  Une chance pour eux : ce trublion est juif et les Russes détestent les juifs.

  On va le traiter plus mal que tous les accusés ordinaires, cracher sur la séparation des pouvoirs en dictant aux juges ce qu'ils doivent décider ("la place des voleurs est en prison").

  Pas de souci à se faire, à part des étrangers qui ne changeront rien à la vie russe, personne ne prendra la défense du juif. On peut l'écraser, avec les applaudissements du public.
  Les faits sont accablants mais, l'opinion étant ce qu'elle est, pouvait-il en aller autrement ?
  Dans cette triste affaire, il est un autre motif d'indignation : le silence assourdissant des habituels abonnés de la protestation. Nous sommes en face d'un exemple flagrant d'antisémitisme et les militants ne bougent pas. Pourquoi ?


  La réponse est hélas ridicule et mesquine.

L'argent est le plus sale des crimes. On ne prend pas le risque de soutenir un juif soupçonné de délits financiers. On a peur de fournir des arguments aux antisémites toujours prêts à lier le juif et l'argent. La réaction qu'il aurait fallu est exactement le contraire : tous les individus soupçonnés d'un délit doivent être jugés équitablement, uniquement pour ce qu'ils ont fait sans tenir compte de leurs opinions politiques, religieuses ou philosophiques. C'est le B.A.Ba des droits de l'homme et il est épouvantable d'être encore obligé de le rappeler.

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