Il s'agit d'une grippe.
On ne sait pas vraiment quel nom lui donner.
- H1N1 ? Exact mais pas très évocateur, à réserver aux rapports officiels qui ont besoin de prendre un air sérieux.
- "porcine" ? Non, vous n'y pensez pas, les éleveurs de porcs ont assez de problèmes avec la crise.
-"mexicaine" ? Ils ne vont pas être contents les mexicains, on aura du mal à leur caser nos exportations. Pensez aux beaux "rafales" qu'on essaie désespérément de fourguer.
- "nouvelle" ? L'ennui, c'est qu'elle prendra vite un coup de vieux et comment appellera-t'on la suivante ?
Peu importe. En attendant, ce n'est qu'une grippe.
Elle fera des morts ... comme toutes les grippes.
L'habituelle influenza de tous les hivers fait son petit quota de victimes. On gère.
Avant le vaccin, ceux qui redoutaient la contagion se tenaient à l'écart ; beaucoup étaient atteints mais tous n'en mouraient pas.
A présent, on nous a déjà fait le coup avec la grippe aviaire, le simple bon sens est devenu “principe de précaution” dans le jargon politiquement correct. Tous les responsables de la santé, de l’OMS au gouvernement français, en rajoutent dans les mesures à prendre, de peur qu'on les accuse de négligence.
Panorama en vue : une belle panique ... et des doutes magnifiques.
Nous sommes en pleine saison des pollens, donc des allergies. Ils ne vont pas tarder à pulluler, les nez qui coulent et les éternuements. L'hypocondriaque qui sommeille au fond de chacun verra sa mort prochaine.
Mais le malheur des uns faisant le bonheur des autres, la grippe fait des bénéficiaires.
En Egypte, on a commencé à abattre les porcs. On élevait donc des cochons en Egypte, une terre d'Islam ... ?
On oubliait seulement qu'en Egypte, il y a des chrétiens coptes, ils élèvent des porcs et les mangent. Mais ils sont une minorité discriminée par les musulmans majoritaires.
Le pouvoir en place soigne sa popularité vacillante sur le dos des plus faibles. Accessoirement, il essaie de présenter à l'étranger une image de rigueur sanitaire qui, espère-t'il, camouflera le bilan calamiteux de sa politique d'hygiène publique.
Et les Egyptiens ne sont pas les seuls à incriminer. Le monde entier soigne à bon compte, non pas ses malades, mais son image de la santé. Les millions de victimes du paludisme ou du SIDA, les populations trop pauvres pour échapper à la tuberculose ou au cholera seront ébahies que les riches en fassent tant pour une simple grippe.
Chez nous, incidemment, c'est le rideau de fumée. Pendant qu’on parle de la nouvelle épidémie, on est sensé oublier que tout l’hôpital, même des sommités pas spécialement gauchistes, sont vent-debout contre la loi Bachelot. Même la grippe a du bon quand il s’agit de sauver les meubles du gouvernement.
Le vrai succès, la réussite indiscutable est celle des laboratoires fabricants d'anti-viraux. Pas besoin de travail commercial, l'Etat achète tout. Même en faisant un prix de gros, c'est le pactole !
Justement, les stocks constitués à l'occasion de la menace aviaire doivent arriver à péremption. On remet le couvert. Le rêve ! On vous dit.
Esprits chagrins que nous sommes, il nous vient une idée.
Si on en profitait pour insister un peu énergiquement auprès de ces labos grands bénéficiaires pour qu'ils distraient de leurs poches une partie de leurs énormes bénéfices ? Sans effort surhumain, ils pourraient financer des recherches qu'ils ont, jusqu'ici, repoussées pour cause de rentabilité insuffisante.
Pour une fois, elle aurait une occasion de se rendre utile, la madame-ministre qui prendrait la question en mains.
Allons ... faut pas rêver. Si les citoyens ne s'en occupent pas eux-mêmes, ils peuvent encore patienter.