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10 octobre 2008 5 10 /10 /octobre /2008 16:20

Ces derniers jours, un vent de fronde soufflait sur le prix Nobel de médecine.
Des foules excitées s'étripaient à qui-mieux-mieux pour  décider si l'élection au Nobel de médecine était juste ou inique.
Après mon dernier article, je serais mal inspirée de tomber dans le travers que je stigmatisais, en donnant un avis pour lequel je ne détiens aucun titre ni compétence. De toute façon, arrivés à ce niveau, les scientifiques sont tous des savants ; il n'y a pas lieu pour le commun des ignorants d'en discuter.
N'empêche ... il traîne comme un petit arrière-goût de déception.
J'aurais bien aimé que le prix aille à Chermann.
 Pourquoi ?
Parce que Montagnier ou, plus précisément, l'usage qui en est fait, m'agace. 
Il est devenu un symbole du "travailler plus". Pendant la campagne présidentielle, et en beaucoup d'autres occasions de propagande, il a été présenté comme un emblème des hommes de valeur contraints de s'exiler pour travailler, parce qu'en France, ils seraient contraints de "faire valoir leurs droits à la retraite"... Et la grande masse des gogos et des crédules de croire cette fable.
Tous les jours, nous avons des preuves inverses. Non seulement, nous connaissons des généralistes et même des spécialistes libéraux qui sont toujours sur la brèche à plus de soixante-cinq ans, mais, chez les médecins-fonctionnaires, il n'est pas rare d'en rencontrer qui exercent leur tâche, blanchis sous le harnois. Il suffit de regarder la première "médicale" venue, à la télévision. Les invités qui  nous font l'honneur de leur science et de leur notoriété sont  rarement tombés de la dernière pluie. Un exemple au hasard, le Pr Baulieu est toujours estampillé  INSERM dans son labo, à plus de 80 ans.
Si Montagnier ne se trouvait plus bien en France, c'était son droit d'aller chercher son épanouissement ailleurs. Mais un tel montage n'était pas nécessaire.
Il a fait des heureux, il a offert une figure emblématique et médiatique à ceux qui veulent à tout prix remettre les seniors au travail.
Comme si on pouvait mettre sur le même plan des chercheurs, au travail épanouissant , valorisant, et des travailleurs manuels usés par le labeur ou ceux dont la fonction se perd dans l'ennui et la contrainte ?
Il y a quelque-chose de malhonnête à ne pas tenir compte de cette différence.
Le travail est une richesse tant qu'il épanouit mais lorsqu'il brime et détruit, il retrouve son origine, le "tripallium" qui lui a donné son nom : un engin de torture qui servait à châtier les esclaves antiques,... tout un programme ...  

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6 octobre 2008 1 06 /10 /octobre /2008 14:37

Citez-moi un métier dont les diplômes sont très difficiles à obtenir,
qui bénéficie d'une importante notoriété,
dont l'utilité sociale est universellement reconnue,
dont personne ne prendrait le risque de se passer
mais que tout un chacun, du plus ignorant au plus érudit, prétend juger : .. ? 
Laissez-tomber les majors de promo de toutes les grandes écoles. Il ne s'agit pas non plus des experts en produits financiers, ils sont en train de nous ruiner mais vous verrez qu'ils s'en tireront avec les honneurs. Figurez-vous que ce métier  tellement envié et malmené est celui de médecin.
Autrefois, les familles possédaient un gros volume nommé  "livre de médecine". C'était un outil pratique pour faire le plein des salles d'attente ; la lecture d'un tel ouvrage avait un effet automatique, vous en sortiez persuadé(ée) d'être affligé(e) de toutes les maladies dont vous veniez de lire la description. Les femmes étaient persuadées de ne pas souffrir de la prostate, les hommes se félicitaient d'avoir échappé à l'endomètriose. C'étaient à peu près les seules affections qui ne pouvaient les affecter. De tout le reste vous étiez atteints ou menacés, peu ou prou. 
Vous preniez d'assaut la salle d'attente de votre médecin, il vous recevait en consultation et vous le quittiez satisfait(e), en général parce qu'il ne vous avait trouvé aucune des épouvantables maladies que vous lui avez racontées et, parfois, aprés qu'il vous a détécté une petite chose qui ne deviendra pas grave puiqu'elle aura été prise à temps.
Et puis, survint Internet qui mit au rancart le vieux livre de médecine et communiqua la sainte parole à tous ... sans discrimination. Alors, chacun se crut savant. On rencontra des coiffeuses se prenant pour des dermatologues et des mères de famille accomplissant leur vocation de pédiatres.
L'attirance est plus forte vers ce qui paraît le plus accessible. Les soignants-amateurs ont peu d'appétit pour les formules scientifiques et les matériels réservés à un usage professioinnel. Ils aiment la nature (prouvant ainsi qu'ils ne sont pas rancuniers). Ils ne sont pas capables d'assumer les risques induits par leur attitude irresponsable. Ils recherchent ce qui fera de l'effet sur les naïfs sans courir trop de risques. Passons sur les sectes guérisseuses qui font le malheur de leurs adeptes en les décourageant de recourir à la médecine. Vous l'avez certainement remarqué : ils ont une véritable prédilection pour l'homéopathie, elle soigne très bien les maladies qui guérissent toutes seules, l'ostéopathie qui fait des miracles dans un laps de temps où la maladie laissée à elle-même  n'aurait pas fait d'histoire pour guérir.
Ils nous agacent, ils font monter notre tension ... mais ce sont de doux rêveurs, pas le temps de les pourchasser.
Néanmoins, parfois, l'autodésignation d'expertise et d'autorité peut faire des dégats. . 
Il vient de survenir un fait divers révélateur d'une autre dérive :
 Une personne âgée est victime chez le coiffeur d'une perte de connaissance qui nécesssite l'appel du SAMU .        Un médecin urgentiste prend donc la victime en charge et tente de la ranimer. Des "témoins", ni médecins ni pompiers, sont interloqués par les manipulations effectuées par l'urgentiste. Au lieu de lui demander le sens de ses gestes, ils rameutent des gens plus qualifiés mais qui n'ont pas assisté à la scène et, sans plus s'inquiéter du bien-fondé de leur étonnement, ils déposent plainte contre l'urgentiste. L'homme de justice, à qui Outreau n'a rien appris, enfourche la monture si complaisamment offerte et fait embastiller le médecin ... jusqu'au moment où les vérifications effectuées l'amènent à libérer piteusement le praticien trop vite incriminé.
Tout est bien qui finit bien, certes... Il en reste la constatation désagréable que l'usager moyen, et malade en puissance, se comporte avec son médecin comme il n'oserait pas le faire avec son plombier ou sa coiffeuse.
Après cela, allez expliquer aux enfants que s'ils ont d'excellents résultats scolaires, ils pourront devenir médecins !
Bon courage !

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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 22:35
Quand nous étions écoliers, nous avons tous appris "la cigale et la fourmi". La morale de la fable nous encourageait à prévoir les coups durs, économiser. Les feignasses imprévoyantes comme la cigale se préparaient un avenir catastrophique pendant que la fourmi, jugée économe et non radin, trouvait sa récompense en résistant aux épreuves.
En élèves consciencieux, nous avons retenu la leçon.
Dès le plus jeune âge, nous avons garni un livret de caisse d'épargne. Plus tard, nous avons suivi (avec plus ou moins de réussite!) les conseils du banquier ou de l'assureur qui nous proposaient des placements pour améliorer notre retraite. Bref, nous avons pris modèle sur la fourmi.
Et voilà ! Ces établissements financiers qui se prétendaient les meilleurs pour faire fructifier nos sous ont joué nos économies à la bourse ; ils se sont crus au casino.
Et qui a bonne mine dans l'affaire ? Qui n'a plus que ses yeux pour pleurer ?
Ben voyons, l'émule de la fourmi.
Nous aurions dû nous méfier de la mauvaise blague... Il y a déjà eu 1929, on ne voit pas ce qui aurait empêché la farce de se rejouer. Pendant nos études, nous n'avons pas appris que des fables, nous avons étudié des histoires de cycles, de crises économiques.
Maintenant, nous sommes dedans et pas de Zorro en vue pour nous en sortir (si c'était Sarko, ça se saurait). Les futurs Roosevelt ne se bousculent pas. Alors, d'ici à en voir le bout, il nous reste à regretter notre bonne conduite.
Dans la catastrophe générale, il y a des chances que la cigale ne s'en tire pas plus mal que la fourmi. Et en attendant, au lieu de privations, elle aura pris du bon temps.
Carpe diem ! On ne devrait jamais l'oublier... et m... à La Fontaine !
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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 09:18

Un texte de Miguel Garroté.

Une mine de sujets . J'ai renoncé à faire une sélection des thèmes, mais c'est peut-être l'occasion d'ouvrir le (des) débat(s).

Qu'en pensez-vous ?




Hitler est de retour
par Garroté Miguel
J’ai abordé hier le thème du nazislamisme iranien dans Hitler est de retour. Et le monde s’en fiche. Or, j’apprends aujourd’hui, jeudi 25 septembre 2008, que l'original de l'accord de Munich, sera exposé, dès octobre prochain, au Musée national de Prague, capitale de l’actuelle République tchèque et ancienne capitale de l’ex Tchécoslovaquie. L’accord de Munich, signé en septembre 1938, notamment par l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, devait soi-disant mettre fin à la crise des Sudètes, les germanophones résidants alors en Tchécoslovaquie. Et éviter par cet accord une deuxième guerre mondiale. En réalité - on le sait aujourd’hui - cet accord a livré la Tchécoslovaquie - et le monde - à la terreur national-socialiste du IIIe Reich. En cette année 2008, afin de faire mémoire des 70 ans de l’accord de Munich, la chaîne de télévision allemande ARD diffuse notamment deux documentaires sur les Sudètes, les germanophones qui résidaient en Tchécoslovaquie, et sur les germanophones de Prusse orientale (http://www.daserste.de/sudetendeutsche).

Les recherches de ARD, que j’ai en partie visionnées, démontrent une fois encore, de façon irréfutable, que les réelles intentions de Hitler, en Tchécoslovaquie et ailleurs, étaient parfaitement prévisibles bien avant 1938. Et que par conséquent, la signature de l’accord de Munich de 1938 était un acte inutile, lâche et aveugle. C’était en 1938. Il y a 70 ans. Revenons à 2008.

Avec des clichés antisémites repris du tristement célèbre Mein Kampf - abondamment réédité en langues arabe et farsi -, avec, aussi, des clichés antisémites repris du faux - et plagiat, comme l’ont démontré Victor Loupan et Pierre-André Taguieff - faux et plagiat intitulé ‘Les protocoles des Sages de Sion’ - également réédité en langues arabe et farsi (1), Ahmadinejad a allégué, le mardi 23 septembre 2008, à l’ONU, devant plus de 180 chefs d’Etats, qu’un soi-disant gouvernement composé d’une « poignée de fourbes sionistes » règnerait, selon lui, sur « l’économie mondiale » et exercerait, selon lui, son « influence massive sur les prises de décisions politiques à l’échelle universelle ». Ahmadinejad a également allégué que « les menteurs sionistes » exploiteraient, selon lui, la rectitude et la sincérité des nations européennes et américaine, en contrôlant « les centres financiers internationaux, les organisations humanitaires, les partis politiques, dans le seul but qu’ils servent », poursuit Ahmadinejad, « aveuglément les intérêts égoïstes de l’entité implantée au cœur du Moyen Orient sous le nom d’Israël ». Toujours selon Ahmadinejad, « les citoyens de la grande nation américaine et ceux des pays européens » seraient soi-disant forcés de « satisfaire les exigences de plus en plus démesurées de la clique sioniste ». Et à propos d’Israël, Ahmadinejad assène : « Aujourd’hui, le régime sioniste est sur la pente d’un effondrement définitif et il lui est impossible de sortir de la fosse putride que lui-même et ses partisans ont créée ». Suite à cet abject nazislamic show, quelques uns commencent à réagir.

La ligue anti-diffamation exhorte le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à condamner les propos antisémites et haineux tenus il y a deux jours par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad à l'Assemblée générale des Nations Unies. De son côté, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner déclare que le discours d’Ahmadinejad prouve que la question de la nucléarisation de la République islamique est « extrêmement sérieuse et dangereuse ». Bernard Kouchner ajoute : « on ne peut se contenter de condamner l'Iran, il faut passer à l'acte ». Espérons que sur ce point le président de tous les Français écoute son ministre des Affaires étrangères. Le ministre israélien Ehoud Barak déclare que l'acceptation par la communauté internationale de l'intervention de « ce régime fou » à la tribune de l’ONU, et les applaudissements de cette même tribune, traduisent la « pauvreté » de la communauté internationale. « Pauvreté » est un mot bien faible pour parler d’une telle déchéance. Le président israélien Shimon Pérès déclare que les USA sont obligés de stopper Ahmadinejad pour sauver la planète. Shimon Pérès précise que « Ahmadinejad disparaîtra comme un coup de vent, il contribue lui-même à liguer le monde contre lui ». Lors de son discours hier à l'ONU, Pérès a déclaré : « Le soutien de l'Iran au Hezbollah a divisé le Liban. Le soutien iranien au Hamas a également divisé les Palestiniens et retardé la création d'un Etat Palestinien ». Oui, bon, pour qu’Ahmadinejad disparaisse comme un coup de vent, encore faut-il souffler un bon coup sur ses centrales nucléaires. Quant à la création retardée d’un Etat palestinien, nous verrons ci-dessous que même le Fatah n’en veut pas.

Dans un autre registre, certes important, le président américain Georges Bush a pris la parole - hier soir mercredi 24 septembre à télévision - sur la crise financière que traversent les USA en déclarant : « L'ensemble de l'économie américaine est en danger. Si le Congrès n'agit pas immédiatement, les USA peuvent glisser dans la panique financière et un scénario déprimant va se dérouler avec un possible risque de longue et pénible récession ». Bush a invité à la Maison Blanche les candidats à l'élection présidentielle, Obama et McCain, pour discuter, aujourd’hui jeudi, de cette crise financière.

Le problème, c’est que la crise financière, certes importante, que traversent les USA est en ce moment même mise a profit par certains pour revenir sur leurs engagements et pour préparer de futures hostilités. Ainsi, un cadre du Fatah, Kadoura Farès, exhorte le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à suspendre les négociations de paix avec Israël. En effet, Kadoura Farès, déclare qu'il n'y a « aucune chance de percée dans les pourparlers en cours avec Israël dans un avenir proche. La solution consiste à reprendre la résistance ». (Ndlr : la « résistance », dans le jargon du Fatah, du Hamas et du Hezbollah, c’est le terrorisme). Côté israélien, le député du Likoud Sylvain Shalom déclare avec réalisme, dans une allusion directe à Ehud Olmert et à Tsipi Livni, qu’aucune manœuvre politique ne peut faire revivre un gouvernement qui a rendu l'âme. Pour Sylvain Shalom, ceux qui n'ont pas su endosser la responsabilité des erreurs de la deuxième guerre du Liban, et la responsabilité de l’absurde résolution 1701 de l’ONU sur le Hezbollah au Sud-Liban, ne peuvent pas prendre en charge les responsabilités présentes d’Israël.

A propos du Hezbollah justement, selon la presse arabe de ce jour, le Hezbollah améliore dans des conditions hautement risquées son arsenal en préparation d'une nouvelle attaque contre Israël. le journal koweitien Al Seyassah informe aujourd’hui jeudi que des fuites de produits toxiques du Hezbollah mal stockées au Sud-Liban ont provoqué des maladies graves chez des enfants. Des terroristes du Hezbollah touchés par ces fuites sont partis se faire soigner en Iran sous couvert d'entraînement militaire.

J’ai écrit plus haut que la crise financière, certes importante, que traversent les USA est en ce moment même mise a profit par certains pour revenir sur leurs engagements et pour préparer de futures hostilités. Le Fatah et le Hezbollah mentionnés ci-dessus ne sont pas les seuls à profiter ainsi de cette crise et à profiter également du climat général d’incertitude qui règne depuis l’occupation militaire partielle de la Géorgie par les troupes russes, occupation débutée le 8 août 2008. La Syrie envoie au Liban des commandos occuper sept villages au nord de Tripoli et masse 10.000 soldats à la frontière syro-libanaise, prêts à intervenir. La Russie livre du matériel nucléaire à l'Iran, s'oppose à des sanctions contre l’Iran, et occupe le port Syrien de Tartous, en y amarrant une dizaine de navires de guerre. Et aujourd’hui jeudi 25 septembre, le Premier ministre russe Vladimir Poutine appelle à « liquider la frontière » entre la Russie et l'Ossétie du Sud. La Corée du Nord stalinienne réintroduit des matériaux fissiles dans sa centrale nucléaire de Yongbyon. La Corée du Nord a déjà retiré les scellés et les caméras de surveillance mis en place par l'AIEA, une filiale de l’ONU, sur le site de retraitement de Yongbyon. Bref, ça chauffe un peu partout et presque tout le monde s’en fout.

Avec les USA essentiellement préoccupés par la crise financière, et les adversaires des USA qui en profitent pour avancer leurs pions, l’Union Européenne, elle, comme en 1938, vaque à ses petits soucis et à ses délires idéologiques. A cet égard, le tout récent article de Guy Millière, L'Europe oublie le 11 septembre, donne une idée assez éclairante de la déchéance européenne - déchéance passée, présente et future -. Petits extraits bien savoureux (début de citation) : « Une étrange cohorte se forma où se retrouvèrent gauchistes amoureux de toutes les causes sanguinaires, pourvu qu’ils y discernent une dimension anticapitaliste, sympathisants d’une extrême-droite à qui rien d’antisémite n’est étranger, adeptes d’une lecture littérale du Coran, gaullistes adeptes d’une politique arabe elle-même teintée d’antisémitisme, et corrompus de tous ordres craignant pour leur chèque de fin de mois. (…) On souhaite, en Europe, la victoire d’Obama. (…) Si Obama est élu, on fera la fête à Paris ou à Berlin, comme on la fera dans diverses capitales du monde islamique. (…) Si McCain est élu, il ne faudra pas beaucoup de temps pour que la haine dirigée vers Bush se reporte sur lui. Comme Bush, McCain incarne encore, c’est vrai, une civilisation debout » (fin de citation). Que les Français, parfois malmenés sur le présent blog, se consolent : au sein de l’Union Européenne, ils n’ont pas le monopole de l’esprit munichois. En 2008, le syndrome « 1938 » s’étend de Narvik à Gibraltar, et de Lisbonne à Lublin. On n’a pas fini de rigoler.

Miguel Garroté.
Monde Info


(1) Le mardi 6 mai 2008, sur la chaîne de télévision Arte, à 21:00, Daniel Leconte présentait « Les bréviaires de la haine ». L’enquête exceptionnelle de Arte analysait d’abord « Mein Kampf », écrit par Adolf Hitler en 1924. Et ensuite « Les Protocoles des sages de Sion », un faux et un plagiat rédigé par la police secrète russe au début du vingtième siècle.

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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 15:30

    La première fois que je l'ai vu, c'était en noir et blanc ; il était le héros d'"exodus".
 Le regard était si présent, inoubliable ... mais le personnage aussi était très fort, on pouvait croire que cette formidable présence faisait partie du jeu de l'acteur.
Et nous l'avons revu, interprêtant des films en couleurs. Le fameux regard était bleu. Bleu comme la porcelaine, avec une présence métallique, magnétique.
C'était Paul Newman et ... menteurs ceux qui affirment qu'il n'y a pas de gène des yeux bleus dans une descendance juive.
On n'oubliera pas tout ce qu'il a donné pour des oeuvres humanitaires.
Certes ... mais, d'abord, les femmes se rappelleront et regretteront son inimitable regard bleu. 

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25 septembre 2008 4 25 /09 /septembre /2008 08:25
               Les génies qui nous gouvernent se tortillent comme un candidat au suicide au bord du trou de la sécu.  Quand faut-y aller, faut -y aller,... mais on essaie d'abord quelques exercices, dans le cas improbable où ça marcherait.
Dernière trouvaille : on va noter les hôpitaux.
Non-dit, mais implicite : pour sanctionner les plus mauvais résultats.
Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de mettre une note de satisfaction ... Bon courage !
Pour que la note soit le moins discutable possible, il faut trouver des éléments chiffrables. C'est comme la correction d'une copie de maths ; plus facile de mettre une note qu'à un devoir de philo. "Bon ou faux"... peu de risques de contestation.
Un statisticien de génie, comme seule l'ENA est capable de nous en fournir, a trouvé le critère : le taux de mortalité.
Plus on décède dans votre service, plus votre note sera mauvaise.
Et le grand public, avec son petit esprit, d'approuver : "on pourra évaluer les risques et choisir le meilleur hôpital".
 Le statisticien est content ; sa trouvaille permettra de réduire des établissements au régime sec dans une ambiance de consensus. C'est toujours ça de pris.
Une question semble leur échapper complètement : de quoi meurt-on dans un hôpital ? Les inconscients, ils ne se croient pas concernés !
Réponse limpide, à la limite du pléonasme : on meurt d'une maladie mortelle.
Conséquence d'une logique imparrable : tout hôpital qui veut une bonne note doit éviter à tout prix de soigner ce genre de maladies.
Tous les malades incurables sont indésirables dans les hôpitaux. A qui vont-ils s'adresser ? Aux cliniques privées ? Surtout pas !
Les cliniques privées ont compris depuis longtemps : elles ne pratiquent que de très profitables interventions chirurgicales. Le risque est moindre et le profit indiscutable.
On commence à comprendre où notre statisticien veut nous amener : remplacer nos bons vieux hôpitaux par des entreprises chirurgicales "high tech", avec des patients qui accepteront de payer parce qu'ils auront l'impresssion de choisir et quand on aime, on ne compte pas, chacun le sait.
Le rêve ...
Petite interrogation en passant : "que deviennent les incurables ?"
Un ange passe ... il faut être bien mal élevé pour oser proférer une telle incongruité, une question aussi déplacée.
L'incurable, donc, il doit rester bien enfermé et bien invisible, mourir chez lui en causant le moins  de frais  possibles  à la société.
Vous n'avez pas envie de finir incurable ? - c'est fou comme ils vous font penser aux intouchables, caste maudite.
Ne vous posez pas la question, de toute façon, le moment venu, personne ne demandera votre avis.
Un conseil : Priez, mes frères, priez pour ne jamais vous trouver dans cette situation.  
De toute manière, l'avenir n'a pas beaucoup de chances de s'améliorer. Il ne vous reste que la foi.
Les étudiants en médecine vont, de ce pas, fuir les maladies graves, à grandes enjambées. A leur place, je ferais de la chirurgie esthétique : rien que des patients volontaires, qui paient le prix et vous permettent d'être rapidement propriétaire d'une villa cossue dans un paradis touristique.
A ce train-là, nous aurons tous un nez mignon, plus de culotte de cheval ; et nous confierons nos cancers en phase terminale à la Bonne Vierge de Lourdes ... qui en a vu d'autres.
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24 septembre 2008 3 24 /09 /septembre /2008 09:03
   Dans la conjoncture présente, vous êtes nombreux à penser qu'il n'y a pas de quoi rire.
Pourtant le rire est la dernière arme fatale qui nous restera quand toutes les au
tres auront déclaré forfait.
Mettons en pratique avec ce message communiqué par Didier.



Nicolas Sarkozy
 

 

Il a sauvé Alsthom et il a libéré Ingrid Betancourt et libéré les otages en somalie avant de dékraché Wall Street...

- Nicolas Sarkozy peut encercler ses ennemis. Tout seul.
- Quand Nicolas Sarkozy pisse face au vent, le vent change de direction.
- Nicolas Sarkozy peut claquer une porte fermée...
- Nicolas Sarkozy a déjà compté jusqu'à l'infini. Deux fois.
- Certaines personnes portent un pyjama Superman. Superman porte un pyjama Nicolas Sarkozy.
- Nicolas Sarkozy ne porte pas de montre. Il décide de l'heure qu'il est.
- Nicolas Sarkozy peut diviser par zéro.
- Dieu a dit : que la lumière soit ! Et Nicolas Sarkozy répondit : On dit s'il vous plaît.
- La seule chose qui arrive à la cheville de Nicolas Sarkozy... c'est sa chaussette.
- Quand Google ne trouve pas quelque chose, il demande à Nicolas Sarkozy.
- Nicolas Sarkozy fait pleurer les oignons 
 
 - Les Suisses ne sont pas neutres, ils attendent de savoir de quel coté Nicolas Sarkozy se situe.
- Pour certains hommes le testicule gauche est plus large que le testicule droit. Chez Nicolas Sarkozy, chaque testicule est plus large que l'autre.
- Nicolas Sarkozy sait parler le braille.
- Il n'y a pas de théorie de l'évolution. Juste une liste d'espèces que Nicolas Sarkozy autorise à survivre.
- Nicolas Sarkozy et Superman ont fait un bras de fer, le perdant devait mettre son slip par dessus son pantalon.
- Un jour, au restaurant, Nicolas Sarkozy a commandé un steak. Et le steak a obéi.
- Nicolas Sarkozy a un jour avalé un paquet entier de somnifères. Il a cligné des yeux.
- Nicolas Sarkozy mesure son pouls sur l'échelle de Richter.
- Nicolas Sarkozy connaît la dernière décimale de Pi.
- Nicolas Sarkozy peut taguer le mur du son
- Quand la tartine de Nicolas Sarkozy tombe, la confiture change de côté.
- Dieu voulait créer l'univers en 10 jours. Nicolas Sarkozy lui en a donné 6.
- Nicolas Sarkozy est capable de laisser un message avant le bip sonore.
- Jésus a marché sur l'eau, mais Nicolas Sarkozy a marché sur Jésus.
- Une larme de Nicolas Sarkozy peut guérir du cancer, malheureusement Nicolas Sarkozy ne pleure pas.
- Quand Nicolas Sarkozy passe devant un miroir, il n'y a pas de reflet : il n'y a qu'un seul Nicolas Sarkozy.
- Si Nicolas Sarkozy dort avec une lampe allumée, ce n'est pas parce qu'il a peur du noir mais parce que le noir a peur de lui.
- Le calendrier de Nicolas Sarkozy passe du 31 mars au 2 avril... Personne ne fait de blague à Nicolas Sarkozy.
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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 10:51
Impossible de traverser un 22 septembre sans évoquer Brassens.
"Un 22 septembre, au diable vous partîtes,
 et depuis, chaque année, à la date susdite, je mouillais mon mouchoir, en souvenir de vous ...
... L'hirondelle, en partant, ne fera plus l'automne. Le 22 septembre, aujourd'hui je m'en fous.
 Et c'est triste de n'être plus triste sans vous."
Charme vénéneux de la nostalgie. On souffre mais on aime sa souffrance.
Ne souffrent que les vivants ... Nous voilà consolés.
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21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 09:57
Parmi les annonces réjouissantes ..., mais c'est devenu l'habitude de lancer des ballons d'essai pour flairer l'opinion, le projet de ponctionner l'AGEFIPH pour renflouer quelques déficits de la sécu.
 Si jamais cela se faisait, les handi ne pourraient ni vivre décemment sans travailler (qui peut se contenter de l'AAH ?), ni trouver un emploi. Que nos gouvernants soient clairs, pour une fois, et qu'il rétablissent les cliniques d'eugénisme (en réalité, centre d'extermination des handicapés) en vogue chez les nazis. Après tout, l'idée en avait été trouvée par un Français, Alexis Carrel.
 Ils arriveront à ce qu'ils désirent : pas de bouches inutiles.
 ... Mais ils auraient intérêt à se méfier, leur propre utilité est loin d'être prouvée.
En suivant leur raisonnement, on pourrait facilement tourner un remake de "l'arroseur arrosé".

Décidément, en ces temps de crise où les affaires sont entre les mains de nuls, je me replonge volontiers dans l'histoire du XXème siècle pour soupirer : il nous manque un Roosevelt. Lui, a su relancer la machine grippée par la crise de 29. Il n'a pas essayé de faire payer la relance par les pauvres.
Il faut dire que lui-même était handicapé ... Cela vous change définitivement le regard sur la vie.
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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 09:53

                                   Dans les pages débats du journal Le Monde du 16 septembre 2008, un excellent article de Michael Prazan : "L'Ukraine, "pays européen"? Pas évident."


 Lecture vivement conseillée.

 

D'après l'auteur, l'Ukraine n'a pas abandonné ses vieux démons de l'antisémitisme et des sympathies pro-nazies. Elle reste loin des valeurs démocratiques affirmées par l'Union Européenne.

Michael Prazan serait bien étonné et désapprouverait certainement ; en parcourant son article, je me suis rappelée ..."Les Bienveillantes".

Ce roman a fait l'objet de critiques féroces. Il a pourtant donné à beaucoup l'occasion de découvrir ce qu'on appelle aujourd'hui la shoah par balles.

Beaucoup de gens qui n'avaient entendu parler que des camps d'extermination et croyaient que toute la shoah s'y résumait ont appris qu'en Ukraine des juifs avaient été fusillés en masse par les Einzatsgruppen : des Allemands "efficacement" secondés par les hiwis, des supplétifs ukrainiens qu'ils employaient aussi à la garde des camps.

Quittons les considérations littéraires. La question est loin d'être résolue.

En Ukraine, on ne se reconnait toujours pas coupable et on n'hésite pas à honorer la mémoire des bourreaux.

... Récemment, Yvan le terrible, expulsé des USA, est rentré au pays où nul ne prévoit de l'inquiéter... L'Ukraine se verrait bien intégrer l'Union Européenne avec la bénédiction générale.

Il suffit !

L'Europe a manqué au principe de précaution en intégrant la Pologne et les états Baltes où l'antisémitisme se maintient toujours aussi florissant. On complèterait le tableau avec l'Ukraine ...

La leçon n'aurait donc  pas été tirée.

Faut-il en conclure que l'antisémitisme n'est toujours pas un vice rhédibitoire en Europe ? 

Doit-on passer la shoah par pertes et profit ?

Les bonnes manières de l'Europe pour les nouveaux entrants ressemblent de plus en plus à de mauvaises actions.

 

 


 

 

 


  En annexe, un papier que j'ai écrit le 22/02/07 après avoir lu "Les Bienveillantes" :

 

 

Jonathan Littell a obtenu le prix Goncourt et le prix de l’Académie Française de l’année 2006 pour son roman « Les Bienveillantes ».                     ( L’humanitaire semble un bon plan de carrière littéraire. En quelques années, deux prix Goncourt dans l’ONG Action Contre la Faim : son président le Dr Jean-Christophe Rufin et Jonathan Littell, logisticien, tous deux anciens de MSF… Amusant et sympathique. )

« Les Bienveillantes » a déclenché des polémiques. A l’auteur certains reprochent son style pas toujours académique, d’autres la manière dont il mène sa carrière. Et surtout, Horreur ! Littell se voit soupçonné  de chercher à faire d’un nazi un personnage séduisant, reproche déjà essuyé par L. Visconti à la sortie des Damnés ; ses SA, probablement fournis par une agence de mannequins, étaient d’une beauté diabolique. Logiquement, où résiderait le charme tentateur du démon s’il était repoussant ?

Et puis, le doigt là où ça fait mal, les gardiens de la mémoire de la Shoah, l’immense et indiscutable Claude Lanzmann en tête, s’insurgeaient contre la fabrication d’un personnage de fiction dans une œuvre littéraire autour de l’extermination des juifs par les nazis. Argument de poids qui ne peut laisser insensible ; la Shoah, c’est l’indicible, il y a une sorte de sacrilège, un vrai malaise, à l’entourer d’historiettes ou même de drames, aussi bien intentionnés soient-ils. De l’horreur absolue, les seuls qui ont le droit de parler sont les survivants, les témoins.

Mais les années passent, la réalité se complique  avec la disparition des témoins. Ils sont de plus en plus âgés, ils meurent les uns après les autres ; il n’y aura bientôt plus de survivants. Si nous voulons éviter d’offrir aux nazis ce qu’ils ont toujours recherché : notre oubli, il faudra nous en remettre à l’histoire et à la littérature. L’histoire y occupe un rôle inattendu de censeur ; contre les négationnistes on lui assigne le devoir de dire la vérité à la  suite des survivants.

Tant qu’il reste des témoins, nous pouvons convoquer tous les survivants possibles, il nous manque toujours la parole de ceux qui ne sont pas revenus. Ceux que nous pouvons entendre, pour quelque temps encore, sont les rescapés, les plus chanceux ou les plus forts ; la douleur et le désespoir des morts nous sont inaccessibles, nous ne pouvons qu’imaginer leur fin, donc nous faire à nous mêmes un roman. Le pas a été franchi par des auteurs douteux spécialistes du sensationnel pour de romans de gare mais aussi par de grandes âmes insoupçonnables ; à un moment de « Vie et destin » Vassili Grossmann raconte la fin d’une femme-médecin juive dans une chambre à gaz. Il a bien fallu qu’il l’imagine. S’il s’est trompé, personne n’est en mesure d’apporter des arguments à l’encontre de son récit et l’émotion n’a pas à être justifiée.

Quant-à nous représenter ce qu’il se passait dans la tête et dans la vie des bourreaux pour qu’ils en arrivent à faire ce qu’ils ont fait, nous cherchons à comprendre, non pour leur trouver des excuses mais pour nous donner quelques chances supplémentaires de repérer les comportements à risque et d’éviter le retour de la bête immonde. Comment la démocratie allemande a débouché sur le nazisme ? la question a été abondamment traitée. Mais les individus, comment des hommes, à-priori très ordinaires, ont-ils basculé dans la barbarie, comment des pères ont-ils pu massacrer des enfants comme les leurs ? Difficile d’avancer dans l’étude du problème sans avoir recours à des constructions littéraires.

 

 De quel droit lancer l’anathème dès l’abord ? Lisons « Les Bienveillantes » avant de juger. Ce n’est pas une petite affaire, c’est même un pavé impressionnant.

 Par son épaisseur, son sujet et même sa construction, le livre fait immédiatement penser à Vie et destin de Vassili Grossmann. Littell reconnaît ce que Les Bienveillantes doivent au dissident soviétique ainsi qu’une parenté de démarche avec le Visconti des Damnés.

Comme Vie et Destin, Les Bienveillantes se présente  comme une succession de récits dont chacun pourrait à lui seul constituer un ouvrage indépendant. Le roman de V. Grossmann racontait les histoires simultanées de plusieurs personnages dans des milieux très différents et il avait été écrit en samizdat sous la forme de nombreux cahiers sortis d’URSS puis rassemblés en un seul roman pour être édités. Son aspect de juxtaposition s’explique donc parfaitement. En revanche, un seul personnage constitue le fil conducteur des Bienveillantes ; le roman se présente comme l’autobiographie du Dr Aue, juriste devenu officier SS ; il raconte sa guerre  et Littell en profite pour faire un récit exhaustif des événements historiques traversés. Ce n’est pas une oeuvre d’historien, l’auteur n’en revendique pas le titre, mais il faut reconnaître l’énorme travail de documentation, de compilation, précis et juste comme il s’en trouve rarement dans les romans. Comment intégrer dans un texte histoire et fiction ? Sa solution : il fait occuper à son personnage une fonction d’inspecteur. L’auteur peut lui faire traverser des événements dont la succession paraîtrait improbable dans la vie ordinaire d’un militaire. En même temps, il assiste à tout sans participer activement au pire ; on peut comprendre, pour un écrivain se mettre pendant plus de 900 pages dans la peau d’un bourreau, décrire le sadisme comme si on en était l’auteur, ce n’est pas seulement un travail d’imagination. Il y a aussi des limites au supportable ; la description qui devient complaisance ne laisse indemne ni auteur ni lecteur.

Le Dr Aue, officier SS, écrit à l’intention de lecteurs cultivés qui n’ont pas besoin d’explications pour saisir une allusion, une référence aux classes littéraires, en un mot : des lecteurs passés comme lui par l’étude du grec ancien. Le titre « Les Bienveillantes » est la transcription en français courant du mot « Euménides » . Dans le cycle tragique des Atrides, les Erynnies, déesses de la vengeance, étaient invoquées sous le nom d’« Euménides » dans le but de les amadouer, de détourner leur fureur. Le héros, barbare cultivé, s’adresse à des initiés.

 Plutôt que de culture, parlons d’érudition, parfois jusqu’à la cuistrerie ; l’étalage de tranches de compilations est probablement un aspect agaçant du roman. Les souvenirs de l’officier SS accrochent l’attention malgré, ou à cause, des horreurs racontées ; mais le récit est régulièrement interrompu par des digressions ethnographiques, historiques et linguistiques qu’on a beaucoup de mal à ne pas « sauter ». La vie des officiers nazis passe des abominations les plus extrêmes à des conversations choisies dignes des derniers salons où l’on cause. Le procédé agace mais il pose le doigt où ça fait mal, sur une vérité qu’on aimerait ne pas reconnaître : la culture ne met pas à l’abri de la barbarie, elle fait très bon ménage avec l’inhumanité. Des survivants ont raconté leur expérience de la Chaconne d’Auschwitz. Le goût des bourreaux pour la musique de Bach ne créait chez eux ni tendresse ni pitié pour les musiciens qui la jouent. Le Dr Aue est un salaud mais pas une brute ; c’est un salaud qui réfléchit, se pose des questions.

 Dans la deuxième partie du roman, lorsqu’il inspecte les camps, on assiste chez lui à une évolution qui a en certainement gêné plus d’un. Il cherche à obtenir de meilleures conditions de vie et de nourriture pour les Juifs. C’est pour l’auteur l’occasion de mettre en scène un débat qui a traversé les nazis pendant toute la guerre. Faut-il donner la priorité à la destruction des Juifs ou, dans une économie de guerre, tirer profit de leur travail ? Evidemment la Solution Finale en avait décidé. Mais, au fur et à mesure que le roman progresse, on a de plus en plus de mal à croire aux arguments uniquement économiques du Dr Aue, il lui vient une dose d’humanité, il n’est peut-être plus complètement un salaud et c’est insupportable puisque la Solution Finale est le mal absolu. Le lecteur est, pour le moins, mal à l’aise.

Ses mœurs, il est incestueux et homosexuel, ne sont pas celles qu’on imagine chez un SS, mais peut-être se rattache-t’il aux fraternités d’armes de la tradition, comme Achille ou Richard Cœur-de-Lion, comme les SA des Damnés. Pour le lecteur, la sauvagerie sans nuances serait tellement plus confortable. Tant pis, il faut accepter l’inconfort.

Enfin, puisqu’il est question de remettre les pendules à l’heure, Littell n’oublie pas de montrer au passage que les nazis n’étaient pas seuls. Dans tous les pays envahis, ils ont bénéficié de l’aide efficace de collaborateurs, surtout parmi les antisémites locaux. Les Baltes, Polonais, Ukrainiens, ont fourni une grande partie du personnel des camps. L’antisémitisme, chez eux était une tradition. Ce n’est pas un hasard si des Einsatzgruppen n’ont sévi qu’à l’Est et si les centres d’extermination ont été établis en Pologne et dans le Gouvernement Général. C’est bien connu, soit. Mais dans ces pays, on se rappelle qu’on a été martyr  plus facilement qu’on ne se souvient d’avoir été bourreau.

Et puis, il y a Stalingrad, comme dans Vie et Destin, mais avec un autre regard. Littell ne se contente pas de copier son modèle.

Ouvrons une parenthèse pour la mémoire, Stalingrad a marqué le tournant de la guerre. La guerre s’est gagnée à l’Est, n’en déplaise aux alliés occidentaux ; le prix à payer aurait été insupportable pour des démocraties. Les soviétiques, délibérément sacrifiés par Staline, ont sauvé leur pays et ils ont aussi permis de sauver l’occident. Ils ont immobilisé et détruit l’armée allemande gelée dans l’hiver russe, ils lui ont interdit  de réagir efficacement à l’ouest, ils ont permis les débarquements de France et d’Italie. L’idée d’une dette à l’égard de Staline nous est désagréable mais on n’y échappe pas ; surtout, une dette ineffaçable a été contractée envers les armées englouties du front Est.

 Des écrits du correspondant de guerre V.Grossmann, on garde le récit d’une bataille très dure mais, au bout du compte, victorieuse. Logiquement, des souffrances mais pas de désespoir côté soviétique. A Stalingrad, on n’est pas sur un champ de bataille, ce n’est pas « Waterloo-morne plaine », c’est la guerre en ville, une bataille de rats, dans les caves et sous les ruines d’une cité détruite. Une autre image demeure, c’est le fleuve qui brûle, lorsque les dépôts de carburant bombardés se répandent en flammes sur l’eau. Littell ne fait grace au lecteur ni des ruines ni des flammes, mais il n’oublie pas qu’il est dans la peau du vaincu. Les Allemands sont tout de suite minés par le froid, le gel, la neige, la faim. On pense avoir tout lu sur l’impréparation de l’armée allemande à l’hiver russe. Hitler a été pris au même piège que Napoléon. Tout cela a été maintes fois décrit par des historiens ; au-delà, Littell relate le vécu, le ressenti. Les uniformes sont inadaptés, les pieds gèlent dans les bottes trop serrées comme le cerveau sous les casquettes d’uniforme. Les morts congelés ne sont pas enterrés parce qu’on ne parvient pas à creuser la terre. Et on frissonne de dégoût à l’évocation de l’insupportable invasion : les poux ; ils apportent la peur du typhus et de la contagion, ils abandonnent les cadavres pour coloniser d’autres vivants. Le moral des troupes est au plus bas, d’autant que le ravitaillement ne suit pas. Les fiers conquérants ne pensent qu’ à fuir, se mutilent dans l’espoir d’une évacuation sanitaire. On signale des cas d’anthropophagie. C’est le sauve-qui-peut ; les supplétifs ukrainiens sont abandonnés à leur sort, il n’est plus question de courage ni de cohésion. A Stalingrad, les vaincus sont des minables.

 

Il y aurait encore beaucoup à écrire mais le commentaire ne va tout de même pas atteindre la longueur de l’ouvrage.

Pour finir, puisqu’il faut se déterminer, c’est un livre qui mérite d’être lu. Si sa longueur impatiente, on peut, après l’épisode ukrainien, passer directement à Stalingrad. A partir de là, on est dans le domaine du chef d’œuvre.

                                                                                                  Jacqueline Simon 22/02/2007

 

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