Il y a déjà quelque temps que la sécu est malade et que tout le monde est mécontent.
Dès qu'il faut payer, on dit que c'est trop cher et lorsqu'on doit se faire soigner ou toucher sa retraite, on se plaint du niveau des prestations par rapport à ce qu'on a payé.
Comme s'ils voulaient aggraver la situation, les gouvernements successifs ont accumulé les réformettes inefficaces. Les assurés sont de plus en plus mécontents et le célèbre "trou de
la sécu" se creuse, se creuse... Histoire de diviser pour règner, leurs mesures successives ont consisté à jeter les uns contre les autres. Dernière cible : les "régimes spéciaux". Pour
le moment, d'après les medias, la "voix de son maître" des pouvoirs économiques et politiques, par "régimes spéciaux, il faut entendre les employés des entreprises publiques, alors
que le régime commun n'est qu'une fiction ; même si tout le monde est, ou doit être, assuré social, la sécu est un agrégat de régimes aussi variés qu'incohérents.
C'est qu'elle ne s'est pas formée d'un coup. Certaines professions qui avaient des traditions de solidarité étaient plus organisées que les autres. Elles ont lancé le mouvement, et
par la suite l'Etat a pris le relai pour généraliser le système à l'ensemble de la population, mais en conservant deux principes intangibles : la répartition et la gestion
paritaire.
La réunion de ces deux principes, dès le départ, aurait du faire naître des inquiétudes ; le bébé était si beau, si plein d'espoir qu'on a préféré ne pas les voir. La répartition : les actifs,
ceux qui produisent des richesses, paient pour ceux qui coûtent (les malades, les enfants, les vieux ...) supposerait la mutualisation générale des risques et des ressources. Pour respecter
son histoire, les secteurs professionnels qui s'étaient organisés séparément à l'origine sont restés des régimes différents. Les métiers évoluent, des groupes professionnels diminuent, les actifs
se retrouvent moins nombreux avec un grand nombre de retraités et de malades à financer. Le principe de solidarité faisant partie du système, les régimes déficitaires font appel à la
participation des autres qui paient mais sont mécontents d'être des "vaches à lait". Et il y a les assurés de la solidarité nationale (chômeurs de très longue durée, handicapés, victimes
d'accidents de la vie...), ceux qui n'ont jamais produit de richesses mais qu'une société avancée ne peut abandonner.
Il y aurait bien une solution, très simple (trop?) : du passé faisons table rase (ainsi que le dit un air connu ...) et regroupons tous ces régimes dans un service
unique de la protection sociale.
C'est tellement évident ; on se demande pourquoi toutes ces têtes pensantes, tellement plus intelligentes que les gens ordinaires, ne se sont pas précipitées dessus.
Mais à cause du paritarisme !
Tous ces régimes, des plus importants aux plus petits, sont gérés par des organismes élus comprenant à parité des représentants patronaux et salariés issus des syndicats professionnels de patrons
et de salariés. C'est fou le nombre de gens dont la protection sociale est le gagne-pain, sans compter les organisations faméliques dont la sécu assure les bonnes oeuvres.
Je crois qu'on commence à comprendre pourquoi la protection sociale est un si gros problème.
Pour tout remettre à plat, il ne faut pas chercher à boucher le tonneau des danaïdes, par définition, il est toujours percé. D'après moi, il faut carrément le supprimer
et faire du neuf, supprimer les caisses d'assurance-maladie et de retraite, toutes les cotisations existantes, et les remplacer par un organisme unique élu par tous les citoyens et financé
par un impot affectant tous les revenus, même ceux qui ne proviennent pas du travail.
Quant-au MEDEF et aux syndicats, qu'ils se cherchent un autre fromage, par exemple offrir de vrais services à leurs adhérents pour leur donner envie de les faire vivre. La vie aurait tout de
suite meilleur air.