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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 09:55

    Après avoir fouillé des milliers de boîtes, ouvert autant de blisters, il a fallu se rendre à l'évidence : pas plus de somnifères dans les diurétiques TEVA que de cheveux sur un crane chauve. Par acquis de conscience, des prélèvements ont été effectués sur les morts dont le décès aurait pu sembler suspect. Ces investigations n'ont révélé aucune trace de somnifère.

     Au bout de l'enquête, après un remue-ménage dont il faudra bien chiffrer le coût, rien, nothing, nichevo... ne reste que l'alerte déclenchée par un pharmacien dont une préparatrice avait cru remarquer quelque-chose.

Les autorités de santé précisent qu'il ne faut pas s'en prendre à ce lanceur d'alerte. Dans le cas d'une tromperie réelle, la gaffe serait devenue précaution salutaire. Soit ...

     C'est l'occasion de rappeler l'histoire du jeune Guillou. Dès qu'il entendait une branche craquer, il criait "Au loup !" et tous les villageois armés de piques et de fourches venaient à son secours, jusqu'au jour où, lassés de se déranger pour rien, ils n'ont plus répondu à l'appel. Ce jour-là, pour une fois, le loup attaquait vraiment et Guillou fut dévoré.

    Voilà ce qu'il risque d'arriver à force d'alertes sans fondement.

    Et si le signalement avait été justifié ?

Certes, il n'est pas concevable de risquer la vie des gens mais la réaction pouvait être prudente et mesurée, essayer le seau d'eau avant d'appeler les pompiers. L'examen immédiat des boîtes suspectées par le pharmacien aurait sans doute permis de faire un sort aux émois de sa préparatrice et le psychodrame aurait été évité.

Le gâchis risque de laisser des traces, celles que chantait Figaro dans le grand air de la calomnie " Calomniez, calomniez toujours, il en restera quelque-chose ..." Avant de se moquer de prétendus paranoïaques, il faut mesurer le prix d'une réputation perdue.

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 15:23

     Ces derniers jours, l'actualité bruissait du scandale survenu dans un laboratoire pharmaceutique : des comprimés de somnifère avaient pris, dans quelques boîtes, la place d'un diurétique généralement prescrit à des malades graves pour leur éviter l'œdème aigu du poumon.

    Il s'agissait de médicaments génériques, on pouvait craindre le déchaînement de leurs adversaires habituels mais la substitution avait un aspect tellement aléatoire qu'il a fallu parler d'accident et, très vite, de malveillance. L'autorité de contrôle précisait :

« Il y a peut être eu un ou des actes de malveillance pour tromper la vigilance du laboratoire. Il n’est pas possible qu’au sein d’un lot il y ait des comprimés tantôt bons tantôt mauvais. Ces éléments traduisent qu’à un moment c’est une main humaine qui a fait ce qu’il ne faillait pas faire. »

     Comment interpréter cette malveillance ?

La volonté de nuire à des malades ?

 L'hypothèse est hautement improbable, il est difficile d'imaginer qu'on puisse faire courir un risque mortel à des inconnus.

Le désir de nuire à la réputation du laboratoire pour lui faire perdre des marchés.

 C'est, hélas, plus vraisemblable.

Un laboratoire est une entreprise, il peut être agité par des luttes internes, conflits du travail, rivalités personnelles, jalousies...Rien n'est impossible mais il est difficile d'imaginer que le personnel veuille détruire son outil de travail, surtout en ces temps de crise.

Pour commettre une telle malveillance de sang froid, sans être arrêté par le scrupule, il faut que son auteur soit animé par ce qu'il regarde comme un intérêt supérieur, en vrac : la nation, la famille, l'honneur, la religion.

Et c'est sous cet angle qu'il faut peut-être reconsidérer l'acte malveillant. Le laboratoire ainsi attaqué est TEVA, le numéro 1 mondial des génériques et l'un des plus beaux fleurons de l'industrie israélienne.

Il suffit de prononcer le nom "Israël" pour déclencher les comportements de haine les plus irrationnels. Combien de martyrs auto-proclamés sont capables de tuer des innocents, uniquement pour nuire à Israël ?

Au nombre des explications possibles de cette substitution incompréhensible, l'hypothèse du crime antisémite ne peut pas être éliminée.

        De "malveillance", le risque est grand de passer à "terrorisme".

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12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 21:06

   Le  gouvernement grec, soi-disant démocratique, vient de fermer ERT, la radio-télévision nationale. C'est très fort ! Jusqu'ici, personne n'avait eu ce culot, même la junte militaire de triste mémoire. Elle s'était contentée, si l'on peut dire , d'appliquer la censure de son choix mais l'écran noir et le silence sur les ondes, personne n'en avait encore fait l'expérience.

   Pourquoi cette folie ?

   Ben voyons, toujours le même refrain : faire des économies.

Le peuple Grec est déjà pressuré, essoré, privé de tout mais il faut encore trouver à rogner, toujours faire les poches des mêmes.

   On attend toujours que des impôts viennent frapper les grandes fortunes, car il en existe.

   Les découragés d'avance hausseront les épaules en soupirant :" Il y a des lustres que les armateurs ont mis leur fortune à l'abri dans les paradis fiscaux, pas moyen de leur tirer le moindre euro."

   Des moyens de rétorsion existent certainement mais intéressons nous à un autre genre de privilégiés fiscaux : le haut clergé orthodoxe. Ils échappent à toutes sortes de taxes et impôts au nom des œuvres sociales qui leur incombent. C'est une situation qu'en France, nous connaissions sous l'Ancien Régime.

   "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu". Ils auraient du mal à protester contre cette formule, l'auteur en est Jésus-Christ lui-même.

   Il serait grand temps de mettre fin à la confusion des genres, le social n'est pas la charité et les citoyens, religieux ou non, doivent participer au budget commun en fonction de leurs capacités.

    Pour l'instant, la loi grecque ne prévoit rien. Est-ce une raison pour que le clergé riche se défile ? Rien ne leur interdit de participer volontairement ; la morale religieuse devrait même les y inciter.

    Ils aiment les vieux usages, ils respectent la Tradition, enfin, ils prétendent la respecter. Faut-il donc leur rafraîchir la mémoire ?

   Au fin fond du Moyen-Âge, un temps où les inégalités sociales ne choquaient pourtant pas, des abbés de puissants monastères envoyaient les vases sacrés à la fonte pour secourir les pauvres. Nous avons évoqué de quelle manière St Landry avait fondé l'Hôtel-Dieu mais son cas n'est pas unique, Hugues le Grand, abbé de Cluny, l'établissement le plus puissant de la chrétienté, malgré son goût de la splendeur, a procédé de la même manière dans une période de famine. Nous attendons toujours que l'archimandrite du mont Athos fasse un geste pour secourir son pays en difficulté.

     Il ne faut sans doute pas s'arcbouter sur les traditions, certaines sont périmées ou simplement passées de mode, mais gardons au moins les bonnes.

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 20:12

   J'entends votre soupir de commisération, vous n'êtes pas loin de me croire folle ou, au minimum, très dérangée. Il faut l'être, pensez-vous, pour avoir, à ce point, la passion des mérovingiens !

   Ce n'est pas faute d'avoir essayé de me désintoxiquer mais l'actualité, régulièrement, nous rattrape et me fait replonger.

   Dernier exemple en date : aujourd'hui, 10 Juin, c'est la Saint Landry. 

   Digne successeur de St Eloi, Landry fut à la fois évêque de Paris et ministre d'un roi qui se prénommait Clovis comme celui du baptême de Reims mais qui était le fils de Dagobert. Son prédécesseur était orfèvre et passionné du juste prix ; Landry se contenta du rôle, plus banal pour un religieux, de faire la charité.

  A cette époque, vous ne trouviez pas à tous les coins de rue des agences bancaires vous proposant des comptes-épargne. Celui qui avait du numéraire de côté le convertissait en pièces d'orfèvrerie, surtout des objets du culte. Ils trônaient à l'église pour glorifier Dieu et, en cas de besoin, ils pouvaientêtre négociés rapidement. Quand Landry prit en mains son diocèse, il trouva au palais épiscopal quantité de vases précieux qu'il s'empressa d'envoyer à la fonte pour nourrir les pauvres.

   Et des pauvres, il n'en manquait pas. Landry fut rapidement débordé par le nombre. Grâce à son épargne de précaution, il pouvait les nourrir mais la place manquait pour les héberger tous. Les entasser dans les locaux de l'évêché ne convenait pas à l'esprit de charité ni à la tranquillité d'un lieu de méditation. Il fallait construire une hôtellerie gratuite où les indigents seraient logés et soignés, ce qu'il fit.

   Ce fut l'Hôtel-Dieu.

   L'idée de Landry était appelée à un brillant avenir. Progressivement, la vocation de l'établissement s'orienta vers les soins aux malades, jusqu'au vingtième siècle où la fonction hôtelière disparut complètement pour laisser place à un grand hôpital parisien.

   Landry, voilà un saint qui, au moins, a fait œuvre utile. Depuis le VIIème siècle, l'Hôtel-Dieu dresse sa silhouette rassurante au cœur de Paris. Des grandes épidémies aux accidents du quotidien, la population compte sur ses bons soins.

   Aujourd'hui, l'Île de la Cité est devenue un quartier élégant. D'aucuns trouveront à ce monument un usage plus conforme au style local ... pour peu qu'on les laisse s'en occuper.

    Première alerte sérieuse, en Novembre prochain, les urgences seront supprimées (un hôpital sans service d'urgences !), en attendant les autres coups qui ne manqueront pas de suivre.

   Il en ferait une tête, Saint Landry ! Son œuvre qui avait résisté aux pires heures de l'histoire devrait se plier aux fantaisies de quelques technocrates tordus.

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 21:46

    Sortez vos mouchoirs et pleurez sur leur sort, les familles aisées ne vont plus faire d'enfants.

Quand on entend les pleureuses des associations familiales, on est en droit de le craindre.

   Malheureusement, nous en connaissons tous, des parents qui prennent leurs enfants pour un gagne-pain, du père de famille qui n'a jamais travaillé à la "mère abandonnée" qui refait un enfant chaque fois que le petit dernier atteint l'âge où elle perd ses aides. C'est tellement du gagne-petit que seuls des tout petits revenus peuvent succomber à ces tentations.

   Qui peut croire sincèrement que les gros salaires font des enfants pour l'argent ? Laissez-moi rire.

Bien sûr, il vont protester contre la diminution de leur déduction fiscale, c'est de bonne guerre, mais ils feront, de toute façon, les enfants qu'ils veulent élever.

Et, disons le, tant mieux. Pour la réussite des enfants et la paix dans les écoles, il vaut mieux que naissent des familles nombreuses chez les riches que chez les "cas sociaux".

     Si les allocations familiales ne sont pas un argument crucial, alors, comment encourager les naissances dans les milieux favorisés ?

   Il faut leur faciliter la vie. Les enfants sont aussi des porteurs de contraintes, des synonymes de vie plus difficile. Les fameuses "joies de la maternité" sont, à vrai dire, de remarquables sources d'embêtements.

S'ils ont la chance d'être un peu aisés, les parents ont envie de profiter un peu de la vie.

     Au lieu de leur parler gros sous et petits avantages, il vaudrait mieux faciliter leur quotidien.

Les enfants ne doivent pas être un boulet fixé en permanence à leurs géniteurs. Même adorés de leurs parents, ils seront plus libres et plus heureux si leur univers s'ouvre. On se prend à rêver, pour le bonheur des grands et des petits, à des crèches et des garderies ouvertes à toute heure, un monde des enfants à côté de celui des parents.

      La vie ne se résume pas à des questions de gros sous et ça tombe bien, l'argent est justement ce qui manque le plus, ces temps-ci.

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24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 17:26

   Mariage pour tous, le projet de loi est passé, heureusement ! De ce thème fort rebattu, on est pas loin de l'overdose.

      Il resterait pourtant bien des choses à dire.

 

      D'abord, nous avons du mal à comprendre cet acharnement à vouloir se marier, quand on pense à notre détestation de la famille institutionnelle ("Familles, je vous hais ..."), on a envie de reprendre la boutade affirmant que le mariage n'intéresse plus que deux groupes, les homos et les curés.  .

 

      Depuis 1969 et le référendum perdu par De Gaulle qui avait trouvé malin d'unir deux questions sans rapport entre elles, la réforme régionale et le Sénat, les hommes au pouvoir semblaient avoir compris la bévue à ne pas commettre. Distraction ou ignorance fatale de l'histoire, l'actuel gouvernement replonge le doigt dans la mélasse. Dans un texte commun, figurent le mariage pour tous qu'une majorité de Français approuve et, pour les homosexuels, la parentalité qui est rejetée dans une égale proportion.

  L'introduction de l'adoption dans une loi sur le mariage est un cadeau inespéré pour les homophobes. La leçon du PACS a été retenue, ils n'espèrent plus déplacer les foules sur le seul rejet des couples de même sexe,  Ils se voient offrir l'argument rêvé, l'enfant, la dernière figure sacrée dans un monde profane.

Admirez l'astuce.

 

     Des manifestants se sont bien promenés, ils ont l'air d'y avoir pris goût. Avec les beaux jours qui s'annoncent, ils projettent de recommencer.

Parmi eux, une immense majorité de catholiques. On n'a qu'une question à leur poser : "De quoi vous mêlez-vous ?" Les catholiques ont le mariage catholique qui ne regarde qu'eux, les autorités ecclésiastiques y mettent les règles qu'elles veulent, c'est leur affaire et leur droit. En revanche, pourquoi faudrait-il les imposer aux athées et autres agnostiques ?

 

     Un grand nombre d'opposants, dans le style pas-franc-du-collier, prétendent ne pas être homophobes. Dès qu'ils s'énervent, le vernis craque et le fond reprend le dessus. Ils adorent les soldats, forcément virils et même machos mais ils oublient combien leurs modèles comptaient de ces homos haïs. Que font-ils donc de l'homosexualité institutionnalisée dans nombre de confréries militaires ?

      Les héros de la guerre de Troie, Achille en tête, les Egaux de Léonidas, la phalange macédonienne, Richard Cœur de Lion, tous ces vaillants combattants n'étaient pas des femmelettes mais ils étaient tous homos.

      Aux cathos qui auraient le goût militaire, on peut rappeler le sort des templiers, moines-soldats accusés de sodomie.

      Parmi les opposants les plus acharnés, s'affiche une droite très extrême volontiers nostalgique du nazisme, à croire qu'ils ont oublié les S.A, vivier d'homosexuels ( à revoir : Les damnés de Visconti, un régal pour amateurs d'esthétiques masculines ).

 

     A tous ces excités, conseillons la mise en application du vieil adage "Si vous n'aimez pas ça, n'en dégoûtez pas les autres."

           La nouvelle loi donne des droits à ceux qui n'en ont pas, il n'en retire à personne.

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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 17:18

        Courage ou masochisme, il semble que notre ministre de l'Education Nationale cherche vraiment des armes pour se faire battre. Après avoir imposé aux instituteurs (pardon "professeurs des écoles") de travailler le mercredi matin, il en repasse une couche en  proposant de raccourcir les sacro-saintes grandes vacances. Elles se limiteraient à six semaines, comme chez nos voisins. Vociférations et hurlements en vue

    Les enseignants, les parents, les professionnels du tourisme, auront tous une bonne raison d'être mécontents. Quelques uns se poseront clairement en victimes mais une majorité d'hypocrites s'abriteront derrière l'intérêt des élèves, intérêt dont ils se moquent éperdument... comme d'habitude.

     Depuis que l'école républicaine existe, les dates des vacances scolaires ont toujours été fixées par des adultes dans l'intérêt des adultes.

En bon politique, Jules Ferry avait compris qu'il aurait du mal à rendre obligatoire l'école publique s'il ne faisait pas quelques concessions aux familles. A la fin du XIXème siècle, les agriculteurs étaient encore la majorité de la population, la mécanisation n'était qu'à ses débuts, la terre demandait beaucoup de bras, surtout pour les gros travaux. De la fin juin, période des foins, à la fin septembre, saison des vendanges, en passant par la moisson et autres récoltes d'été, tout le monde était mobilisé. Il était hors de question que les enfants traînassent à l'école alors que leurs parents avaient un besoin crucial de leur aide. Depuis lors, les petits Français bénéficient encore de deux mois de vacances d'été ; c'est plus long que chez nos voisins. Il est extrêmement difficile de revenir sur un avantage acquis donc il perdure, alors que la population agricole est aujourd'hui minoritaire, que les récoltes sont mécanisées et qu'on n'ose plus faire travailler les enfants.

       Les médias, affectés de sondagite aigüe, interrogent régulièrement les uns et les autres : "Que pensez-vous de la durée des vacances d'été ?" La question est posée aux enseignants, aux parents, aux élus locaux, aux professionnels du tourisme, à tout le monde sauf ...aux principaux intéressés : les élèves. Faute d'enquête fiable, nous pouvons extrapoler à partir des réactions de notre entourage.

Sans surprise, le tableau est varié.

       Etudiants et lycéens veulent des vacances assez longues pour y caser des "jobs d'été", préoccupation étrangère aux élèves des petites classes primaires. Pour eux, deux mois sont une éternité ; ils oublient quelques acquis (qui reviendront) mais, plus gênant, ils perdent leur rythme. Chaque rentrée est comme une première rentrée, avec ou sans cahiers de vacances qui ne sont une affaire que pour leurs éditeurs.

Il ne serait donc pas ridicule d'envisager des vacances scolaires différentes suivant l'âge des élèves et le type de formation.

     Les réformes de l'éducation peuvent continuer à se succéder au rythme des changements de ministre,  elles seront sans effet tant que priorité ne sera pas donnée à l'intérêt de l'enfant. Tout le monde en affirme la nécessité mais tout prouve que c'est un vœux pieux sans le début d'un commencement de mise en pratique.

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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 08:00

   Amour est césarisé en attendant les oscars.

C'était la moindre des choses d'honorer l'immense talent d'Emmanuelle Riva qui nous avait longtemps manqué.

 A l'issue de son visionnement, j'avais émis cette opinion que j'extrais des profondeurs où elle s'ennuyait.

 

Avez-vous vu la Palme d'Or de Michaël Haneke : Amour ?

 Le film est bien réalisé, remarquablement interprèté par une Emmanuelle Riva et un Jean-Louis Trintignant qui connaissent leur boulot depuis longtemps, mais (il y a toujours un mais) c'est un spectacle éprouvant.

  Nous vivrons de plus en plus longtemps donc nous connaîtrons "pour de vrai" de plus en plus de ces couples âgés confrontés à la maladie, le handicap, la perte de l'autonomie et la douleur. En regardant Amour, nous y pensons forcément.

   Histoire que nous ne nous perdions pas dans les préoccupations économiques, les vieux d'Haneke, comme ceux de la chanson de Brel, ne sont pas dans le besoin. Sans être richissimes, ils ont de quoi assurer leur quotidien, ils échappent à la confrontation épuisante avec les services sociaux, le temps qu'il faut accepter de perdre pour obtenir son dû. Professeurs et artistes, ils habitent Paris, un appartement haussmanien. Leur intérieur est assez démodé pour marquer leur âge, démodé mais encore bourgeoisement confortable. Haneke évite de brouiller les cartes, il nous enferme dans le huis clos de la dépendance.

    Acteurs et réalisateur maîtrisent leur jeu, un savoir-faire dramatique qui enferme le spectateur, lui présente les événements comme inéluctables. Les vieux amoureux subissent la maladie et ses ravages dans la solitude. Personne ne leur vient en aide mais ils ne font rien pour le briser. Cet isolement, ils l'ont organisé au nom de leur Amour sacré.

L'état de plus en plus dégradé de l'épouse qui a perdu toute autonomie nécessiterait qu'elle soit prise en charge par des soignants compétents dans un cadre médicalisé mais, au nom de ce fameux Amour, son mari refuse de la confier à une institution et la prend en charge seul. Lui-même est âgé, fatigué, il risque de flancher avant sa femme ; quand leur fille lui suggère de chercher de l'aide, une solution qui le soulage, il s'emporte. Pour clore le débat, il prétend avoir recours aux services d'infirmières ... qu'en réalité, il congédie pour que personne ne  s'entremette dans le huis clos du couple. Au bout de cette fuite en avant, c'est la fin qu'on sentait venir depuis le commencement : il se suicide au gaz après l'avoir étouffée. Jusque dans la mort, ils sont liés par un Amour devenu leur geôlier.

   Le spectateur garde l'oeil sec, la descente aux enfers gène plus qu'elle n'émeut. La complaisance dans le malheur est trop évidente.

    On revient à ce décor démodé qui nous ramène trente ans en arrière, Haneke nous montre que ses personnages eux-mêmes sont dépassés. Ils réagissent comme autrefois, quand il fallait se débrouiller avec les moyens du bord pour affronter l'agonie. Les militants du Droit de Mourir dans la Dignité, craignant sans doute que la nuance n'affaiblisse leur propos, nous laissent entendre que rien n'a changé. Et pourtant, il existe dans la loi d'aujourd'hui une ressource qui change tout, c'est la sédation. Les mourants ne doivent plus être abandonnés à leur souffrance. Quand la mort a gagné la partie, on la laisse venir mais on ne laisse pas la souffrance envahir le mourant.

    Quel sens donner à Mourir dans la Dignité ? Le débat est ouvert et les interprétations multiples mais Mourir dans l'Humanité, ça on peut faire et c'est un grand progrès.

 

25 février 2013.

Mauvaise pioche, Amour a reçu l'Oscar du meilleur film étranger mais Emmanuelle Riva n'a pas été récompensée, dommage. Elle était pourtant le meilleur de ce film éprouvant.

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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 23:10

 

   Le père de l'arrière grand-père a quitté la campagne qui n'avait plus besoin de ses bras. Dans la grande ville, il ne lui a pas fallu longtemps pour trouver du travail ; les usines et les chantiers recherchaient les forces du paysan dur à la tâche.

En ce temps-là, pour se déplacer, on ne pouvait guère compter que sur ses pieds, pas question de se loger loin du travail. Justement, les bons bourgeois de la ville avaient des étages à louer. Il n'était alors pas question de parquer les pauvres et les riches, chacun dans son ghetto. On rangeait les populations dans les mêmes immeubles, par couches, suivant la fortune. Les pauvres affrontaient les escaliers, leur grenier minuscule était glacial en hiver et torride en été, mais l'ancien paysan se disait qu'il n'avait pas perdu au change. L'eau, le gaz et le tout-à-l'égout sont un confort si banal aujourd'hui qu'on a tendance à oublier quel progrès ils ont représenté.

L'arrière grand-père naquit dans cette mansarde mais ne la connut pas longtemps, Roux et Combaluzier étaient passés par là, rendant les étages accessibles et même agréables. La propriété foncière dans les beaux quartiers devenait une affaire en or. Moyennant quelques travaux facilement amortis, on allait pouvoir empiler du beau monde, une vraie rente !

Et les locataires modestes des étages ?

Ils n'ont qu'à partir, en périphérie, autour des marchés ou des gares, dans les quartiers enfumés ou bruyants qui n'attirent pas les riches. ... Provisoirement...car la ville s'étend, s'embourgeoise et refoule ses pauvres de plus en plus loin.

Par chance (mais peut-on parler de hasard ?), les pauvres ont découvert le métro, les chemin de fer, et autres transports en commun pour s'établir de plus en plus loin du centre. La périphérie urbanisée ne suffit plus, des hectares de bonne terre agricole sont tués par le béton et le goudron. Le style pavillonnaire des anciennes banlieues n'était pas réjouissant mais les aménageurs vont trouver pire, les grands ensembles, symboles de l'horreur urbanistique.

Le père a donc goûté de la ville nouvelle, il a vite cherché à fuir ce concentré de problèmes sociaux. N'y tenant plus, il a pris le parti d'aller encore plus loin. Il habite dans une cité-dortoir une maison dont le prix lui laisse juste de quoi financer l'indispensable bagnole et ses temps de transport.

   Enfin, voici le fils, celui qui a réussi dans les études et trouvé du travail.

Il suit la mode, oublie que le litre de carburant comparé à la valeur du SMIC est moins cher qu'en 1973, n'arrête pas de râler sur le coût de la voiture mais ne fait rien pour s'en passer. Dégoûté de la banlieue proche ou lointaine, il va encore plus loin, comme s'il retrouvait ses origines, achète une maison ou un terrain à bâtir (encore de la terre agricole qui ne nourrira personne) dans un village ou en pleine forêt et devient un néo-rural. 

   Est-il heureux dans son "sam'suffit" à la campagne ? Il y passe si peu de temps qu'on est en droit d'avoir des doutes. Après tout, c'est son affaire mais il pose des problèmes à d'autres, les ruraux qui n'avaient rien demandé.

Histoire d'en rire, tout le monde a entendu parler de ces nouveaux-venus qui protestent contre le chant du coq ou le bruit des machines agricoles, le dimanche. Désolé, madame, les vaches mangent tous les jours et quand l'orage menace, il faut moissonner même la nuit.

Nous en rions mais il y a moins drôle.

    Ils habitent de toutes petites communes ; la surface y est bon marché et, cerise sur le gâteau, les impôts très bas... parce que les services publics y sont réduits. Normal, on ne paie pas des prestations qu'on ne reçoit pas. Mais les néo-ruraux cherchent, selon le vieil adage, le beurre avec l'argent du beurre.

Dans la ville qu'ils ont quittée, ils utilisaient des équipements publics (équipements sportifs, culturels, crèches, écoles et transports scolaires). Ils ne tiennent pas du tout à y renoncer mais l'idée de les payer leur est très désagréable, ils sont venus là justement par économie.

Construire une piscine, une crèche ou un théâtre dans leur village de 300 habitants, ce n'est pas envisagable, mais, justement, tous ces équipements, on les trouve au chef-lieu de canton qui leur offre bien volontiers...contre participation. Voilà qui ne fait pas du tout leur affaire.

Comme ils ne sont pas démunis de ressources politico-juridiques, ils ont trouvé La Solution : la Communauté de Communes.

Ces communautés ont été prévues pour établir une solidarité entre une ville-centre et ce que les agents immobiliers appellent ses retombées (comprendre : les habitants des alentours usagers de ses commerces et services.) Le regroupement doit permettre, au minimum, des économies d'échelle : regrouper les dépenses pour diminuer les prix. Il n'a été prévu nulle-part que le centre doive fournir gratis des services à la périphérie.

Dans les petites communes, les volontaires ne se bousculent pas pour prendre des responsabilités. Les radins n'ont pas trop de mal à se faire élire au conseil municipal et désigner comme représentants à la communauté. Certes, la ville-centre a plus d'habitants, donc plus de délégués que les petits villages mais, précisément, ces petits villages sont nombreux ; au total, les petites communes sont majoritaires en représentants.

Il leur reste à marteler leur grand principe : on ne dépense pas pour ne pas payer d'impôts.

Traduire : nous allons utiliser sans débourser les équipements qui existent déjà à la ville-centre mais nous n'en financerons pas d'autre.

L'absence de projet commun se retournera contre l'avenir de tous mais, "après moi le déluge", malgré leur 4X4 rutilant, ces néo-radins sont plus arriérés que les paysans d'autrefois.

Eux, au moins, ont créé la coopération rurale, ils avaient le sens du collectif.

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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 23:07

    Les temps sont durs mais il se trouve des gens pour étaler une joie mauvaise sous un faux chagrin. Il s'agit des antisémites honteux qui se rebaptisent antisionistes.

   La haine recuite qu'ils réservent aux juifs ne s'exprime plus si facilement depuis que des lois l'interdisent. Ce n'est pourtant pas l'envie qui leur manque de les contourner et ils s'en donnent à coeur joie dès qu'ils trouvent une occasion de s'en prendre à Israël, l'état qui, à leurs yeux, n'aura toujours que des défauts puisqu'il est juif. 

    Voilà une magnifique occasion de cracher leur venin,  Israël mène une opération de police musclée contre la bande de voyous qui occupe Gaza. 

L'antisémitisme hypocrite adresse, pour la forme, quelques remontrances aux tireurs gazaouis, sans conviction. Que des gamins soient morts de frousse dans leur école israélienne, cela ne leur fait ni chaud ni froid. Ils se moquent tout autant du sort des Gazaouis, chaque mort a son utilité, il nourrit la propagande antisioniste et antisémite. Que la paix survienne, ils seraient obligés d'en finir avec les larmes de crocodile, la guerre est un fond de commerce irremplaçable.

     Imaginons qu'un tel conflit frontalier se produise n'importe où, ailleurs, dans le monde, ce qui ne doit pas être exceptionnel. L'événement aurait droit à quelques mots, quelques images, il serait vite remplacé par une autre actualité. Et le nombre de morts n'a rien à voir dans l'affaire ; pensons au silence qui entoure les hécatombes du Congo, elles ne présentent aucun intérêt pour les grands communicants de l'antisémitisme mondialisé.

      Des juifs coupables de la guerre... c'est un refrain qui a déjà servi, Hitler l'utilisa beaucoup.

Depuis la Shoah, personne n'ose plus le proclamer, il est même de bon ton de verser une larme sur le petit juif écrasé du ghetto, mais le libre citoyen israélien n'est toujours pas un homme parmi les autres hommes. Il faudrait qu'il soit plus parfait que les autres et ses adversaires ont toujours raison.

Et vous croyez que l'antisémitisme est mort ?

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