Souvenir littéraire d'un humour corrosif : Candide, conte philosophique de Voltaire.
Candide qui porte bien son nom, parcourt la planète escorté de son mentor, Pangloss, qui rabâche "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes". Au cours de leurs pérégrinations, ils passent par Lisbonne. Pas de chance, c'est le tremblement de terre, ses morts et ses destructions. Très vite, il apparaît à nos héros que les autorités civiles et religieuses regardent le sort des victimes comme le cadet de leurs soucis.
Heureusement, les mentalités ont changé ; c'est ce que nous croyons naïvement, modernes adeptes des droits de l'homme et de l'humanitaire.
Du côté de Van, dans la partie orientale de la Turquie, la terre vient de trembler ; les bâtiments se sont écrasés sur leurs habitants. Aussitôt, nous imaginons la répétition du scénario habituel, les équipes de secouristes se rendant sur zone pour sauver les victimes.
Et nous avons tout faux.
Les sinistrés ont-ils été consultés ? Probablement pas. Leur premier ministre a personnellement décidé que son fier pays comptait sur ses propres forces et n'avait besoin de personne.
Les secours brillent par leur insuffisance, un coup de main serait bien utile mais le chef refuse avec dédain.
Inch Allah ! mais Dieu est très occupé, il a certainement d'autres chats à fouetter. Bref, la catastrophe naturelle se change en désastre humain.
Cet islamiste qui se dit modéré, presque humaniste, abandonnerait ses concitoyens uniquement pour jouer le bravache ? L'explication serait trop facile ; la réalité est beaucoup plus triste. Passant par Van, Candide échapperait aux flammes de l'autodafé, peut-être en aurait-il du regret, il se contenterait de mourir de froid sous la tente, dans l'hiver des montagnes .
La région de Van est le Kurdistan turc et la Turquie a toujours rêvé d'un Kurdistan vidé de ses Kurdes, de la même manière qu'elle a voulu se débarrasser des Arméniens, déclenchant le premier génocide du vingtième siècle.
Les temps ont effectivement changé. Il est devenu difficile de se livrer à des massacres de masses, surtout pour un prétendant à l'entrée dans l'Union Européenne. Alors, quand la nature vous fait un tel cadeau, quand les gêneurs n'ont de choix qu'entre le départ et la mort, c'est une chance inespérée.
Il est vrai que, pour un islamiste, la nature reflète la volonté divine.