Pendant un demi-siècle, le monde a vécu sous la menace d'une guerre entre les États-Unis et l'URSS. Cette « guerre froide » a été théorisée dès le 5 mars 1946 par Winston Churchill dans un discours prononcé à Fulton, dans le Missouri.
Le « vieux lion » avait quitté le pouvoir quelques mois plus tôt, après la capitulation de l'Allemagne qu'il avait rendue possible.
Le 10 octobre 1944, alors qu'il était encore Premier ministre, il avait concédé à Staline, son allié dans la guerre contre Hitler, le droit de mettre la main sur la Pologne, la Yougoslavie et même la Grèce. Quatre mois plus tard, à la conférence de Yalta, il avait mesuré sa légèreté dans l'affaire et prit conscience de ce qu'un nouveau conflit était en germe.
Il s'en était inquiété auprès du président américain Harry Truman mais le monde baignait encore dans l'allégresse de la victoire et nul n'était disposé à entendre des critiques sur l'allié de la veille.
Après la capitulation du Japon, Harry Truman se remémore l'avertissement de Churchill. Désireux de réarmer son camp et de maintenir à niveau l'effort de guerre de ses industriels, il invite l'ex-Premier ministre britannique à prononcer un discours au collège de Westminster, à Fulton.
Dans son discours, le retraité de 72 ans retrouve sa verve d'orateur. Il s'exclame : « De Stettin sur la Baltique à Trieste sur l'Adriatique, un rideau de fer s'est abattu sur le continent (...). Quelles que soient les conclusions que l'on tire de ces faits, ce n'est certainement pas là l'Europe libérée pour laquelle nous avons combattu ; et ce n'est pas non plus celle qui porte en elle les ferments d'une paix durable ».
Churchill invite « les peuples de langue anglaise à s'unir d'urgence pour ôter toute tentation à l'ambition ou à l'aventure ».