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22 février 2009 7 22 /02 /février /2009 23:22
        Les habitués des salons parisiens en connaissent le pire : la restauration. C'est cher et c'est pas bon. Quand on se rappelle que beaucoup de visiteurs étrangers arrivent en se léchant les babines à la perspective de manger français, on est confus de honte. Un seul rachète le genre : le Salon de l'Agriculture ... à condition d'éviter sagement les restaurants du salon ... les mêmes que d'habitude. Heureusement, l'honneur est sauf, il y a les Provinces Françaises. On déguste les spécialités régionales, c'est un peu cher mais ça vaut le coup. Il y a même des amateurs qui ne le manqueraient pour rien au monde.
        Pourtant, l'image de marque, celle qui revient tous les ans à la télé comme un vrai marronnier, est ailleurs.  Les familles défilent dans "la plus grande ferme de France" pour montrer les animaux aux enfants. Et le spectacle vaut le coup. Je défie les plus blasés d'affirmer qu'ils n'ont jamais été impressionnés ou attendris par le spectacle. On sort de là dans une bienveillance extrême vis à vis de l'agriculture.
        C'est très beau... une réussite pour la com. des syndicats agricoles.
        Au salon, personne ne casse la baraque ; aucun rabat-joie n'explique aux foules ébahies que ce qu'elles voient n'est pas la réalité. C'est à peu près aussi réaliste de les petits moutons enrubannés de Marie-Antoinette.
         Les champions sont des investissements pour les herd book. Chaque animal remarquable et primé fait monter le prix des paillettes de sa race. Une précision utile : malgré l'ambiance de spectacle, les dites "paillettes" ne sont pas celles des podiums (appelées rings au salon), mais celles des spermatozoïdes stockés dans l'azote liquide en vue de l'amélioration de la race. Cela manque de poésie, certes ... mais les progrès spectaculaires du standard des bêtes d'élevage reposent avant tout sur la sélection des mâles et l'insémination artificielle. La génisse qui sera mère du futur champion n'aura jamais eu l'occasion de voir à quoi ressemble le père de son enfant.
Encore moins poétique et plus caché, le super-champion a donné ses gènes depuis longtemps. On attend la consécration du jury pour mettre en vente les fameuses paillettes et remporter le jack-pot. L'animal consacré a donné ce qu'il avait à donner ; avec le temps, il va coûter sans améliorer sa valeur, surtout dans les races bouchères où l'âge abîme la viande. Le public l'ignore mais le monceau de muscle devant lequel il s'extasie vit ses derniers jours, le temps de trouver un acheteur au meilleur prix pour la carcasse.
Âmes sensibles, rassurez-vous, si vous avez eu l'occasion timide de flatter l'encolure ou le flanc du champion, il y a peu de chances que vous le retrouviez dans votre assiette à moins de faire partie des plus riches. Ces morceaux d'exception circulent dans un club étroit de boucheries haut-de-gamme et de chefs étoilés.
        Les animaux consommés par tout-un-chacun ne sont pas montrés, ils heurteraient pour de bon les sensibilités. Du veau de batterie à la laitière réformée après épuisement, à voir ce qu'il mange, plus d'un spectateur deviendrait végétarien.
Le Salon de l'Agriculture, c'est beau mais ce n'est qu'une entreprise de communication. on donne tout à voir sauf la réalité qui fait mal.   






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