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30 août 2020 7 30 /08 /août /2020 18:27
C’est arrivé un 29 août
Le 29 août 2005, l’ouragan Katrina s’abat sur La Nouvelle Orléans
La Nouvelle-Orléans s'est établie sur un point haut en bordure du Mississippi. Plus tard, la ville s'est étendue, et des constructions ont été bâties sous le niveau du lac Ponchartrain. On a creusé des voies navigables entre le lac et l'intérieur de la ville.
En 1965, l’ouragan Betsy a provoqué des inondations.. Cette même année 1965, le Congrès vote le Flood Control Act qui donne autorité au Corps des ingénieurs de l'armée des États-Unis pour la conception et la construction des moyens de protection contre les crues sous réserve du partage des coûts.
Le 29 août 2005, l'ouragan Katrina, prévu et suivi par les services météo, s'abat sur les côtes de Louisiane. 80 % de La Nouvelle-Orléans est inondée. L'inondation s’est manifestée par l’ouverture de deux brèches dans la digue qui protège la ville construite sous le niveau de la mer.
Le bilan confirmé de l'ouragan est de 1 833 morts (1 577 en Louisiane, 238 au Mississippi, 14 en Floride et 2 en Géorgie et Alabama)
Les blessés restent indénombrables. Les dommages économiques sont de 108 milliards de dollars.
Un adage répandu chez les humanitaires va se vérifier ici « Une catastrophe naturelle est naturelle le premier jour. Ensuite, elle devient humaine. »
Quand Katrina a touché la ville, le pire est effectivement arrivé.
Suivons un sinistré. Pendant trente-six heures, il a pu tenir informés ses amis qui l’appelaient sur son téléphone portable des quatre coins des États-Unis. Il en a joint une dernière fois mardi soir, avant que la batterie ne soit totalement déchargée, il disait être inquiet, non pas pour lui, mais pour un groupe de voisins, qu’il voyait de son refuge et qui risquaient de périr. Depuis, plus rien. Les téléphones ne fonctionnent plus, l’électricité est coupée, la totalité de la ville, ou presque, est submergée. Et ses amis espèrent qu’il fait partie des milliers de personnes évacuées par les services de secours.
Comme souvent, ce sont les plus pauvres qui souffrent le plus
L’atmosphère, dans cette cité d’habitude pleine de rire et de joie de vivre, semble être celle de la fin du monde. Des centaines, voire des milliers de morts, pourraient être retrouvés, dans les jours qui viennent, sous les débris de planches, de tôles, de voitures éventrées qui jonchent les rues inondées. Comme souvent dans pareilles circonstances, les pillards sont déjà à l’œuvre.
Si certains profitaient de l’aubaine pour voler une chaîne stéréo ou une paire de Nike dans les boutiques de Canal Street, au centre de la ville, d’autres étaient tout bonnement désespérés, à la recherche d’eau ou de nourriture.
Comme souvent aussi, ce sont les plus pauvres qui souffrent le plus. Ceux qui habitaient dans les quartiers populaires situés au-dessous du niveau de la mer, ceux qui n’ont pas pu, faute d’une voiture, s’échapper avant que Katrina ne dévaste tout sur son passage. Des coups de feu ont été entendus, mais la police, qui semble débordée par les événements, a d’autres choses à faire que de poursuivre les pillards.
Il faudra plusieurs jours pour rétablir l’électricité et l’eau. Et des mois, voire des années, pour reconstruire.
La Nouvelle-Orléans retrouvera-t-elle un jour son visage d’antan ?
Qui, en effet, viendra visiter une ville dévastée ?
Alors que La Nouvelle Orléans comptait près de 450 000 habitants avant Katrina dont deux tiers de noirs américains, aujourd’hui la population est d’environ 180 000 habitants dont seulement la moitié de noirs.
Les quartiers les plus vite reconstruits sont évidemment les quartiers riches. La ville a même décidé que beaucoup de logements sociaux – dont certains qui n’ont même pas réellement été abîmés pendant l’inondation – seraient détruits prochainement, puis les terrains vendus à des entrepreneurs privés qui construiront à la place du « mix-housing » pour mélanger les populations. Malheureusement les plus pauvres ne peuvent pas payer les loyers des mix-housing...
Finalement, pour beaucoup de décideurs – économiques et politiques – américains, Katrina est l’occasion de vider la ville de ses pauvres et de sa population noire. C’est ainsi qu’un leader républicain louisianais confiait à des affairistes de Washington : « Enfin, les cités de La Nouvelle Orléans ont été nettoyées. Ce que nous n’avons pas su faire, Dieu s’en est chargé »
Katrina est l’occasion de faire grimper l’immobilier de La Nouvelle Orléans en reconstruction... pour une ville plus riche, plus blanche, plus sûre, plus rentable, plus attractive pour les investisseurs, pour une ville dominée par le secteur privé... pour une ville sans solidarité, sans justice, sans unité, sans ses anciens habitants, chassés par l’ouragan Katrina puis par celui du capitalisme dans son visage le plus brut.
C’est ce qu’on appelle le capitalisme de catastrophe. Rien de tel qu’une bonne catastrophe pour faire de l’argent rapidement.
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