Foi de Panda, je l'avais prévu, le coup de la chatière et celui du revenant (voir épisodes précédents) n'ont pas tardé à porter leurs fruits. Le revenant a traversé la chatière et... s'est carrément installé chez moi.
Eux ? Ils n'y voient qu'une question : comment l'appeler ?
Elle propose Joliminou, Lui Hercule II (comme Louis XIV). Hier, leur fils a résumé l'idée en H2. Ce dernier projet me semble peu réaliste, on pense immédiatement à H2O et nos relations difficiles avec l'eau interdisent de faire porter un tel nom à un chat.
Il entre et sort à sa guise, se vautre à son aise sur mon canapé (enfin, celui que je m'étais approprié d'autorité), mais je manque d'un vrai motif pour l'éjecter.
Pas agressif pour un sou, il a beau peser trois fois mon poids, jamais un coup de patte ni un feulement. Je suis mal placé pour jouer l'enfant martyr.
Ses goûts alimentaires ne sont pas les miens, c'est un minet dodu et fourré, plus aristo que moi, mais il aime les croquettes que j'ai tendance à traiter en nourriture de pauvre. Résultat, même s'il a un solide coup de fourchette, il respecte mon assiette. Question alimentation, il est, de toute façon, beaucoup mieux éduqué que moi, Elle ne se prive pas de me le faire remarquer, il ne mendie pas autour de la table, lui, ni à la cuisine, alors que moi... je réclame, je miaule comme si je mourais de faim et je chaparde jusqu'au moment où, n'en pouvant plus, Elle me lance un morceau dans la cour avant de me fermer la porte et la chatière au nez, seul moyen de terminer en paix la préparation du repas. Le squatteur, lui, ne réclame que ses croquettes dans son assiette.
Tant de perfection a quelque-chose de louche. Faut-il y voir basse flagornerie et coup monté pour piquer ma place ? Je ne suis pas loin de le croire.
Et des câlins, et des ronrons... c'est un vrai spécialiste. Et moi qui Les ai toujours accoutumés à la rareté de mes heures de grâce ...Pas n'importe ou, pas n'importe quand, il faut me mériter.
Et lui qui se répand en mamours ...Je vous dis qu'il se gaspille, l'imbécile...
Parfois, il me vient l'espoir mauvais que ses humains-à-lui le récupèrent manu-militari. Bonne affaire pour moi, je retrouverais l'usage exclusif de mon domaine... Mais, folle illusion, je sais mieux que personne qu'on n'enferme pas un chat. A la première occasion, s'il veut revenir, il reviendra.
Pour finir, entre nous, je suis battu. Je ronchonne, je me plais à trouver toutes les raisons de l'expulser mais quand il va faire un petit tour, je m'inquiète, je crains qu'il ne revienne pas.
Et voilà, je ne l'ai pas cherché mais je tiens à lui.